Une génétique chinoise pour le deuxième véhicule électrique de Mazda

Essai routier de la Mazda 6e RWD Takumi Plus (68,8 kWh - 190 kW/258 ch)

Pendant (trop) longtemps, le portefeuille de véhicules électriques de Mazda s'est limité à la MX-30, une voiture agréable à conduire mais dotée d'une autonomie minuscule. La Mazda 6, qui succède à la célèbre 'Six', est le deuxième modèle électrique de Mazda. Il s'agit d'une voiture à hayon cinq portes, sportive et aérodynamique, dont l'autonomie entre deux charges sera bien plus importante que celle de la MX-30.

La mission de la Mazda 6e - le e signifiant évidemment 'électrique' - est double: il s'agit de l'extension tant attendue du portefeuille de véhicules électriques de Mazda et du successeur de la célèbre voiture de milieu de gamme de Mazda, à savoir la 'Six'. Toutefois, ce modèle doit sa genèse à la collaboration entre Mazda et l'entreprise chinoise Changan Automotive. Vous savez, la coentreprise Changan Mazda Automobile (CMA), qui assemble depuis un certain temps des voitures Mazda pour le marché intérieur chinois.

Plus chinoise que japonaise

D'ailleurs, la Mazda 6 est construite dans l'usine du partenaire chinois de Mazda. La raison en est évidente: la coentreprise avec Changan offre à Mazda la perspective d'une production moins coûteuse et de prix de vente plus bas. Cela se traduit d'ailleurs par des prix très compétitifs, comme le montre la fiche technique ci-jointe.

Une autre raison pour laquelle ce modèle est construit en Chine est que la Mazda 6e est davantage un produit chinois que japonais. C'est un sujet que les cercles Mazda préfèrent taire, mais c'est la réalité: la Mazda 6e est d'ailleurs basée sur la Mazda EZ-6, un modèle déjà présenté pour le marché intérieur chinois.

Évident

La Mazda 6e offre le choix entre deux motorisations électriques et deux versions complètes: la Takumi et la Takumi Plus, encore plus somptueuse. Les deux motorisations peuvent être combinées avec les deux versions. Voilà un pilier évident pour l'élargissement de la gamme Mazda 6e.

Ce qui semble moins compréhensible, c'est que Mazda monte le moteur électrique le plus puissant dans les versions les moins chères ou les modèles ayant la plus petite autonomie. Les modèles Long Range, plus chers et dotés du plus gros stockage d'énergie, ont un moteur électrique moins puissant sur l'essieu arrière. Dans la quête d'une plus grande autonomie, la combinaison de moins de chevaux avec une batterie plus puissante semble technologiquement acceptable. Comme pour les versions moins chères (Short Range), la combinaison d'un stockage d'énergie plus petit et d'un moteur électrique plus puissant peut également être acceptable sur le plan technologique. 

Moins évident

Ce qui est moins évident, en revanche, c'est que Mazda équipe les modèles Short Range les plus performants - c'est-à-dire les versions dotées du moteur électrique le plus puissant et de la plus petite batterie - de chargeurs embarqués à courant continu dont les capacités de charge sont deux fois plus élevées que celles des versions à faible autonomie dotées d'un plus gros stockage d'énergie.

Selon Mazda, la Mazda 6 (258 ch) avec une batterie de 68,8 kWh est le meilleur choix pour les conducteurs qui privilégient des temps de charge minimaux. Comme si les conducteurs fréquents, dont le véhicule est équipé d'une batterie plus grosse, étaient disposés à perdre plus de temps à la station de recharge rapide... S'il existe des conducteurs qui n'accordent pas ou peu d'importance aux temps de charge, pourquoi Mazda prévoit-il un chargeur embarqué de 11 kW CA dans les deux cas?

Réalité technologique et raisonnement marketing. L'utilisation d'un chargeur embarqué à courant continu moins performant, associé à la batterie la plus puissante, ne mériterait-elle pas plutôt une explication technologique? En effet, la plus petite batterie est une batterie Li-ion avec des cathodes LPF. La batterie Li-ion de 80 kWh des versions Long Range est dotée de cathodes NMC. Et comme nous l'avons vu dans les cours sur 'l'électricité sans dynamo', toutes les cathodes ne réagissent pas de la même manière aux courants de charge les plus forts.

Élégante avec des proportions classiques

Avec ses dimensions, la nouvelle Mazda 6 appartient au segment moyen supérieur. Entourée de ténors qui sont plus chers, voire beaucoup plus chers - qu'ils soient équipés d'un moteur à combustion interne ou d'un moteur électrique.

Le nez de la Mazda 6 est dominé par ce que Mazda décrit comme une 'Signature Wing' ou une bande lumineuse sur toute la largeur entre les feux de jour dans les unités de phare. À l'arrière également, une bande lumineuse continue relie les feux arrière ronds.

Sur le couvercle du coffre du hayon, on ne retrouve plus le logo de Mazda mais le nom écrit en toutes lettres. Le coffre cache d'ailleurs un aileron. Juste en dessous et sur toute la largeur de la voiture pulse un éclairage dynamique. Cette bande lumineuse affiche l'état de charge pendant la recharge de la batterie. En fonction de la vitesse de conduite, cet aileron apparaît ou disparaît dans le hayon. Et ceux qui aiment le show peuvent aussi le faire apparaître manuellement.

C'est surtout de profil que la Mazda 6 montre sa nature élégante. Avec des proportions classiques. Avec des lignes de flancs parallèles qui soulignent sa silhouette de rêve et la font paraître visuellement beaucoup plus proche de la route. 

Une finition intérieure exemplaire

Depuis de nombreuses années, Mazda nous offre des intérieurs aux finitions soignées et solides. Heureusement, la coopération chinoise Changan Mazda Automobile (CMA) n'a pas fait de compromis sur ce point. Au contraire, l'intérieur de la Mazda 6e convainc d'emblée. Déjà, il  y a sa noblesse. Sa finition avec des matériaux au toucher précieux. Des matériaux élégants, tous les éléments s'emboîtant parfaitement et solidement. Un intérieur où l'utilisation de plastiques durs a été limitée.

En fonction de l'équipement, Mazda propose un intérieur bicolore pour la 6e. Dans notre modèle d'essai, on retrouvait beaucoup de similicuir. Nous avons été agréablement surpris par les surpiqûres décoratives, très présentes sur les panneaux de porte, la console centrale et le tableau de bord.

Outre un tableau de bord entièrement numérique de 10,25 pouces, un grand écran tactile de 14,6 pouces trône au centre du tableau de bord. La connectivité sans fil avec Apple CarPlay et Android Auto est bien sûr prévue. Même si l'appairage avec notre iPhone a été étonnamment rapide et fluide, nous avons dû constater une fois de plus que le cockpit nécessite un temps d'adaptation plus long que celui dont on dispose lors d'un bref essai routier. On ne peut donc pas échapper à l'influence chinoise.

En effet, (beaucoup) trop de fonctions (même les fonctions automobiles qui reviennent fréquemment! nécessitent de chipoter sur la 'tablette' centrale. Cette tablette - appelée, dans le monde automobile d'aujourd'hui, écran d'infodivertissement - contient un ensemble désordonné des fonctions les plus diverses du véhicule. Ainsi, même dans une Mazda 6e, il faut désormais compter avec cet iPad pour régler les rétroviseurs extérieurs ou actionner les essuie-glaces.

Des tests récents nous ont toutefois appris que les gens s'habituent rapidement à ces cockpits dominés par des écrans tactiles. Ce ne sera pas différent avec la Mazda 6e. Autre chose: dans cette nouvelle Mazda, nous trouvons également un affichage tête haute de 50 pouces à réalité augmentée sur lequel s'affichent plus ou moins d'informations, selon ce que le conducteur préfère.

Reconnaissance vocale et gestes de la main

Outre la reconnaissance vocale, l'infodivertissement de la Mazda 6e peut également être commandé par des gestes. La reconnaissance vocale et les gestes constituent d'ailleurs une première pour Mazda. Après l'activation par un 'Hey Mazda', la reconnaissance vocale (disponible dans neuf langues européennes pour l'instant) commande la climatisation, les vitres, le réglage des sièges, le verrouillage des portes, l'éclairage d'ambiance, le système audio, l'affichage tête haute et l'aileron arrière rétractable. Le contrôle gestuel est utilisé pour les commandes principales telles que les commandes du système audio et du téléphone.

Motorisations et capacités de charge

La nouvelle Mazda entièrement électrique est donc proposée avec un choix de deux tailles de batterie et autant de moteurs électriques. Nous avons découvert la Mazda 6 avec un moteur électrique de 190 kW/258 ch et 320 Nm sur l'essieu arrière. Elle dispose d'un chargeur embarqué à courant alternatif qui consomme jusqu'à 11 kW. La charge sur un chargeur rapide à courant continu peut être effectuée avec une charge utile maximale de 165 kW.

La Mazda 6, plus chère mais moins puissante, dotée d'un moteur électrique de 245 ch/180 kW - mais aussi d'un couple de 320 Nm - promet une plus grande autonomie en version Long Range. Ceci grâce à une batterie de 80 kWh pour laquelle (en raison des chiffres mentionnés ci-dessus) le client doit supporter une réduction sensible de la capacité de charge. La batterie NMC-Long Range peut être rechargée à l'aide d'un chargeur rapide DC d'une capacité de charge allant jusqu'à 90 kW. Sur une borne de recharge à courant alternatif, cette version Long Range se recharge également avec une capacité de charge de 11 kW.

Déterminée mais pas exubérante

Nous conduisons la Mazda 6e la moins chère et donc la plus puissante, ou le modèle doté de la batterie la plus petite mais la plus rapide à la station de recharge rapide. Lire: avec le chargeur embarqué le plus rapide.

Lorsque je lui passe le volant, mon copilote me demande si le siège est toujours réglé aussi haut. C'est une question légitime car la position d'assise semble élevée et, même lorsque le siège conducteur est dans sa position la plus basse, il faut un peu de temps pour s'habituer à une position d'assise aussi élevée. On se rend vite compte que les 258 ch et le couple de 320 Nm sont plus que suffisants. Pourquoi construire encore des véhicules électriques capables d'envoyer 400 ch et plus sur la chaussée? 258 chevaux sont largement suffisants pour la Mazda 6.

Conçue pour une conduite décontractée. Déterminée sans être exubérante, cette voiture à hayon répond toujours résolument au mouvement de la pédale d'accélérateur. Jusqu'à une vitesse de 120 km/h, la réponse est vive. Au-delà de 120 km/h, le moteur électrique a un peu plus de mal mais il ne s'essouffle pas vraiment. Même si la conduite est plutôt fougueuse, la Mazda 6e ne séduit pas par un style de conduite super sportif. Elle encourage plutôt une conduite décontractée.

C'est aussi parce que le châssis en acier passif se prête mieux à une conduite détendue. La deuxième voiture électrique de Mazda n'offre pas de virages spectaculaires. La direction peut toujours être qualifiée de douce et précise, mais pour nous, le feed-back pourrait être un peu plus efficace. Les mouvements brusques de la direction se traduisent par une inclinaison de la carrosserie, même si elle est facile à contrôler.

Est-ce dû aux jantes de 19 pouces montées de série ou aux amortisseurs réglés de manière plutôt rigide? En effet, les irrégularités de la route à faible allure se transmettent de manière perceptible à l'intérieur. À plus grande vitesse et sur les routes vallonnées, l'amorti est beaucoup plus confortable. Ni trop rigide, ni trop souple. Parfait pour une conduite agréable et détendue à tout moment.

Conclusions

Nous avons parcouru quelque 130 km lors de notre première prise en main de la Mazda 6e la moins chère. Sur ce total, un peu moins de 25 km ont été parcourus sur l'autoroute allemande. Selon notre ordinateur de bord, nous avons consommé 15,6 kWh/100 km. Nous n'étions pas les plus économes du groupe de test. En effet, l'ordinateur de bord de certains collègues affichait une consommation encore plus faible. Ce qui prouve qu'il faut moins, voire beaucoup moins d'énergie que ce que Mazda indique ici comme spécification d'usine, à savoir 16,6 kWh/100 km. Mais il s'agit de la consommation selon la norme WLTP. Et nos tableaux techniques montrent à chaque fois que la consommation du véhicule est toujours inférieure à la consommation homologuée.

Avec cette voiture à hayon entièrement électrique, Mazda vise le segment de marché moyen supérieur. Les prix sont nettement inférieurs à ceux auxquels nous sommes habitués sur le marché de l'électrification. Cette voiture est beaucoup moins chère. Il est donc dommage que Mazda se tire une balle dans le pied avec le pack total 6e Long Range et la plus grosse batterie. À cause de cette déplorable capacité de recharge en courant continu.

Mais même Mazda semble l'avoir déjà compris. On s'attend à ce que seuls 10% des clients de la Mazda 6e optent pour cette version Long Range avec cette capacité de charge médiocre. Les 90% restants choisiront les versions moins chères, comme celle que nous avons découverte lors de cet essai. Avec plus de puissance électrique, un plus petit stockage d'énergie, une puissance de charge en courant continu plus satisfaisante et... moins de temps perdu à la borne de recharge rapide en courant continu.