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Évolutions dans le segment du tabac à rouler et du tabac à tuber (chiffres 2024)

Les prix plus bas attirent les consommateurs de RYO et de MYO au Luxembourg et en Allemagne

ryo myo
On vend de moins en moins de tabac à rouler et à tuber en Belgique. Mais cela ne signifie pas nécessairement que les Belges fument de moins en moins de tabac RYO ou MYO

Les ventes de tabac, en particulier de tabac à rouler, diminuent fortement chaque année, tant à l'intérieur du pays qu'aux frontières. Toutefois, la diminution en volume est beaucoup plus prononcée aux frontières. Il y a quelques années, les ventes frontalières représentaient plus de la moitié du volume total de tabac à rouler vendu en Belgique. En 2024, cette part est tombée à environ 37%. Avec la forte augmentation des accises, ce déclin devrait se poursuivre, voire s'accélérer.

Une spirale descendante

Selon les chiffres du commerce de gros, le marché du tabac fine coupe (Fine Cut Tobacco, RYO et MYO combinés) a connu une baisse de 28,5% en 2024 par rapport à 2023. Il s'agit de la plus forte baisse enregistrée depuis des années, qui s'explique principalement par les fortes hausses des droits d'accises qui ont été répercutées sur les consommateurs. Il y a dix ans, on vendait facilement 10.000 tonnes en Belgique, aujourd'hui ce chiffre tourne autour de 2.500.

Évolutions du marché

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En 2024, le volume de tabac à tuber (MYO) en Belgique, comparé aux cigarettes et au tabac à rouler (RYO), est celui qui a le plus baissé. Cette forte baisse d'environ 29% est largement due à la diminution des ventes dans les zones frontalières. Le volume à l'intérieur du pays a également diminué, principalement en raison des hausses de prix constantes. La baisse du volume de tabac à rouler est plus ou moins dans la lignée de la baisse du volume de cigarettes.

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Frontières et marché intérieur

En Belgique, le volume de tabac aux frontières a diminué plus fortement que sur le marché intérieur. Étant donné les prix plus favorables pratiqués dans les pays voisins, l'Allemagne et le Grand-Duché de Luxembourg, et la réduction de l'écart de prix avec les pays chers que sont la France et les Pays-Bas, il y a eu moins de consommateurs étrangers qui ont acheté en Belgique. Le tabac MYO est généralement jusqu'à 60% moins cher au Luxembourg qu'en Belgique, et le tabac RYO jusqu'à 40%. Et la baisse du volume à la frontière française représente près de la moitié de la baisse totale du marché en 2024.

Le tabac MYO est généralement jusqu'à 60% moins cher au Luxembourg qu'en Belgique, le tabac RYO jusqu'à 40%

Nos voisins du Nord ont tendance à se tourner vers l'étranger pour trouver des cigarettes moins chères. Bien que notre pays soit moins cher que les Pays-Bas, les Néerlandais se rendent plus souvent en Allemagne, où les prix sont encore plus bas. À titre d'exemple, le prix du gramme de DRUM (RYO) est de 0,51 euro aux Pays-Bas, de 0,39 euro en Belgique et de 0,22 euro en Allemagne. Pour John Player Special, ces prix sont respectivement de 0,48, 0,37 et 0,21 euros.

De plus en plus de clients néerlandais apparaissent également à la frontière luxembourgeoise. Un petit pot de Marlboro coûte € 6,90 pour 45g au Luxembourg et € 11 pour 30g en Belgique (conversion: € 7,66/50g contre € 18,33/50 g). Lucky Strike Red 50 grammes passe de € 15 à € 19,50 en Belgique.

En effet, le marché luxembourgeois est actuellement plus important en volume que les marchés belge et néerlandais. En Belgique, quelque 14 milliards de sticks sont mis en circulation (cigarettes et tabac, convertis en sticks) sur une base annuelle; au Luxembourg, il s'agit de 16 milliards. Le Luxembourg, une petite économie qui repose sur l'essence, le tabac, l'alcool et un peu de tourisme, fait lentement grimper ses prix parce qu'il veut maintenir ces catégories dans son économie.

Ce n'est pas ce que veut la Belgique. Le gouvernement oublie toutefois que cette catégorie représente encore 3 milliards d'euros de recettes par an. Les acteurs du secteur estiment qu'une politique plus pragmatique s'impose.

Evolution du tabac en Belgique

La frontière française est la plus importante pour le tabac. Ici, nous constatons que le tabac à tuber et le tabac à rouler diminuent tous deux de 22%. À la frontière néerlandaise, le volume de tabac à rouler diminue de 21%, soit plus que le volume de tabac à tuber.

Outre les frontières française et néerlandaise, il y a encore une petite partie qui part vers d'autres pays. En 2024, ces ventes ont baissé de 60% par rapport à 2023.

Sur le marché intérieur, nous constatons une baisse plus marquée du volume de tabac à tuber que du volume de tabac à rouler. Les ventes les plus importantes sont réalisées dans les canaux grocery & food, le déclin dans le circuit 'grocery'  étant un peu moins prononcé. Avec la prochaine interdiction de vente dans ces canaux, le volume se déplacera vers les magasins de tabac spécialisés, les librairies-presse, les stations-service et les magasins de nuit.

Droits d'accises

Le danger de l'augmentation constante des droits d'accises est double:

- L'augmentation des accises sur le prix moyen d'un paquet de tabac à rouler est de 32,5% en 2024. Pour compenser cette augmentation, il a fallu une hausse de prix de plus de 4,2 euros par paquet de 50 grammes. C'est à peu près autant que la somme des fortes hausses de prix des trois années précédentes.

- Cette augmentation de prix a entraîné une différence de prix moins importante avec la France et les Pays-Bas, mais une différence de prix plus importante avec le Luxembourg et l'Allemagne. Par conséquent, les échanges transfrontaliers de la France et des Pays-Bas vers la Belgique diminuent et ceux de la Belgique vers le Luxembourg et l'Allemagne augmentent. Cela pousse les consommateurs à franchir davantage les frontières et accroît le commerce illicite.

Comme les fortes augmentations des droits d'accises de ces dernières années se sont traduites par de fortes baisses de volume, ces augmentations sans précédent auront à nouveau un impact négatif important sur le volume, en particulier dans les zones frontalières.

Qu'en sera-t-il en 2025?

Les acteurs du secteur prévoient que la baisse du volume de tabac sera moins prononcée en 2025 qu'en 2024. Par rapport au volume de 2024, ils s'attendent à ce que le volume de tabac à tuber diminue de 12% cette année, et le volume RYO de 7%.

RYO en MYO staan onder druk
Bien que notre pays soit moins cher que les Pays-Bas pour le tabac à rouler et le tabac à tuber, les Néerlandais sont plus enclins à se rendre en Allemagne et au Luxembourg, où les prix sont encore plus bas
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Écrit par Dimitri Van Moerkercke
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