Les performances en matière de durabilité peuvent (et doivent) être meilleures
Le secteur montre la voie avec les outils disponibles
Il va de soi que vous et votre imprimerie vous engagez en faveur de la durabilité. Avec par exemple un certificat FSC. Du papier recyclé. Des encres plus respectueuses de l'environnement ou des plaques d'impression sans chimie. Mais quid si un gros client vous demande des chiffres précis sur les émissions de CO2 des imprimés qu'il vous commande? Ou si vous n'avez plus le droit d'utiliser des termes tels que 'neutre en CO2' pour vos travaux d'impression sans les justifier de manière approfondie?
Cela fait longtemps que l'environnement est une priorité, et pas seulement dans le secteur de l'imprimerie. Avec le Green Deal, l'Union européenne a fait passer les efforts à fournir dans ce domaine à la vitesse supérieure. La réglementation oblige les consommateurs et les entreprises à agir. Pensons par exemple à la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) et à la directive Green Claims Directive. Les entreprises graphiques y sont également confrontées, de manière directe ou indirecte.
Reporting en matière de durabilité
La CSRD est une directive européenne entrée en vigueur l'an dernier, qui impose aux grandes entreprises cotées en bourse de rendre compte de leurs performances et de leurs objectifs en matière de durabilité d'une manière normalisée. Ce faisant, elles doivent cartographier l'impact de l'ensemble de leur chaîne de valeur, c'est-à-dire rapporter non seulement leurs propres efforts en matière de durabilité, mais aussi de ceux de leurs clients et de leurs fournisseurs.
"Bien que les PME non cotées en bourse ne relèvent pas directement de la CSRD, elles en subissent les conséquences", écrit VLAIO. Le principal impact auquel vous pouvez vous attendre en tant que PME est la demande d'informations de la part de clients et de fournisseurs relevant de la CSRD, car votre entreprise fait partie intégrante de leur chaîne de valeur. VLAIO donne un exemple du type de questions auxquelles vous pourriez être confronté: "Veuillez fournir un calcul détaillé des émissions de CO2, y compris les Scopes 1, 2 et 3."
Impression neutre en CO2
Il ne suffit donc plus d'utiliser des termes tels que 'impression neutre en carbone', même si vous avez compensé vos émissions de CO2 d'une manière ou d'une autre. En effet, en 2026, la directive européenne 'Green claims' entrera en vigueur et fixera des exigences strictes et des conditions vérifiables pour les allégations en matière de durabilité. Avec cette réglementation, l'UE souhaite protéger les consommateurs contre toute forme d'écoblanchiment et encourager les entreprises à améliorer leurs performances en matière de durabilité de manière démontrable. Par ailleurs, vous pouvez toujours compenser les émissions de CO2 de vos imprimés, mais vous devrez désormais indiquer qu'il s'agit d'un 'imprimé compensé en CO2'.
Norme graphique internationale
L'industrie européenne de l'imprimerie dispose d'une excellente méthode (agréée) pour calculer son empreinte carbone, mais relativement peu d'imprimeries - 216 entreprises en Europe et seulement 8 en Belgique à l'heure actuelle - l'utilisent déjà. Cela peut et doit s'améliorer, estime Remco Glashouwer. Il est directeur adjoint du bureau d'expertise et de conseil Dienstencentrum qui, depuis les Pays-Bas, soutient également le secteur graphique belge dans divers processus de certification. Cela inclut la mise en œuvre de ClimateCalc, "le seul modèle de calcul au monde qui permet de calculer l'empreinte carbone de chaque commande d'impression dans une perspective de cycle de vie."
Modèle de calcul ClimateCalc
C'est en 2005, bien avant que l'Europe ne formule ses ambitieux objectifs climatiques pour 2030 et 2050, que les bases de ClimateCalc ont été posées, grâce à l'organisation sectorielle danoise Grakom. Celle-ci a pris l'initiative de calculer de manière standardisée l'empreinte carbone de l'industrie graphique sur base d'une recommandation de la fédération sectorielle européenne Intergraf.
Le fichier Excel d'origine a ensuite été développé au niveau européen et adopté par presque toutes les organisations sectorielles nationales, y compris Febelgra; seule l'Allemagne développe et utilise sa propre méthode sous le nom de 'Klimainitiative der Druck und Medienverbände.'
Application web
En 2011, la première version de l'application web de ClimateCalc a été lancée et les entreprises graphiques ont pu l'utiliser en ligne pour calculer leur empreinte carbone. À l'époque, il s'agissait d'une application complète 'avec tout ce qu'il fallait', explique Glashouwer: "Papier, encre, plaques, transport - tout a des valeurs d'émission. Mais cela rend la méthode assez complexe pour de nombreuses entreprises."
Afin d'améliorer l'accessibilité, cette 'full version' a ensuite été complétée par une 'basic version'. "Celle-ci utilise des valeurs fixes par kilo d'imprimés, basées sur des suppositions fondées et des scénarios pessimistes. Vous pouvez ainsi calculer rapidement et facilement l'empreinte CO2 de votre entreprise - mais il faut savoir que, par rapport au calcul détaillé de la version complète, elle est souvent plus élevée de 10 à 15%, précisément en raison de ces valeurs fixes."
Inventariser les émissions de CO2
La détermination de l'empreinte CO2 de votre imprimerie révèle les principales sources d'émissions de CO2 et, par conséquent, les domaines dans lesquels des améliorations peuvent être apportées. Ces sources sont divisées en trois catégories ('Scopes'). Le Scope 1 concerne les combustibles consommés dans l'entreprise. Le Scope 2 couvre les émissions causées par la production d'énergie achetée. Le Scope 3 comprend les émissions liées aux trajets domicile-travail des collaborateurs, à la production de papier, de plaques et d'encres, ainsi qu'au transport des imprimés vers les clients.
Glashouwer explique: "Le Scope 1 représente environ 10% des émissions de CO2, et le Scope 2, environ 15%. Vous pouvez vous-même influencer ces deux catégories afin de les réduire. Cela peut s'avérer plus difficile avec les émissions du Scope 3, car elles sont principalement causées ailleurs dans la chaîne de production - mais cette catégorie couvre 75% de votre empreinte totale." Cependant, des mesures positives sont également possibles dans le Scope 3, par exemple en offrant un vélo d'entreprise ou en choisissant du papier de manière plus consciente."
Papier et carton
La version basic' de ClimateCalc est adaptée à l'impression offset feuille, à l'impression offset rotative heatset et coldset et à l'impression numérique. Pour d'autres techniques telles que la flexographie, la sérigraphie et l'héliogravure, il convient d'utiliser la version complète. "ClimateCalc est principalement basé sur le papier et le carton", explique Glashouwer. "Mais toutes sortes d'autres substrats sont également utilisés en flexographie, comme les plastiques et les textiles. La version de base ne contient pas ces informations, mais elles peuvent être spécifiées de manière plus détaillée dans la version complète."
La version complète est également recommandée aux imprimeries offset qui souhaitent inventariser et optimiser leurs émissions de CO2 à un niveau plus détaillé. "Vous pouvez saisir des données plus spécifiques concernant, par exemple, la consommation de matériaux, les emballages et les mouvements de transport. Comme nous l'avons déjà indiqué, cela peut se traduire par une réduction de 10 à 15% de l'empreinte, car la version de base du calculateur repose sur des suppositions générales."
Glashouwer souligne que les entreprises disposent souvent d'une grande partie des informations requises dans le cadre de l'inventaire et l'évaluation des risques (RI&E) environnementaux exigés par la loi et de l'inventaire et l'évaluation des risques (RI&E) pour le CO2 et l'énergie. "Ce dernier comprend déjà la composante CO2. Il s'agit d'un système très accessible pour organiser la surveillance de vos émissions de CO2. En fait, il constitue un tremplin vers ClimateCalc."
Empreinte au niveau du produit
En faisant certifier par un audit (annuel) agréé l'empreinte carbone de l'entreprise qui a été calculée, l'imprimerie a accès, dans ClimateCalc, à la possibilité de calculer également les émissions de gaz à effet de serre au niveau du produit, c'est-à-dire par livre ou par brochure.
Comme la production de substrats représente normalement plus de 50% de l'impact total du produit sur le CO2, le bon choix de papier représente à la fois un défi et une opportunité d'influencer l'impact environnemental des imprimés. Pour ses calculs, ClimateCalc utilise principalement la méthode dite 'Ten-Toes' de la CEPI (l'organisation faîtière des producteurs de papier européens) ainsi que les Paper Profiles mis à disposition par les fournisseurs de papier.
Glashouwer: "En cartographiant correctement les substrats que vous utilisez, vous pouvez améliorer les performances environnementales de votre entreprise dans ce domaine. En outre, grâce à des calculs perspicaces, vous pouvez proposer à vos clients des types de papier alternatifs afin qu'ils puissent également faire des choix plus responsables. Cela renforce la position concurrentielle de votre imprimerie."
Une utilisation encore limitée
Compte tenu des nombreuses possibilités et opportunités qu'offre ClimateCalc aux imprimeries, il est frappant de constater que peu d'entreprises l'utilisent. Sur les 216 entreprises européennes certifiées par ClimateCalc dans 28 pays, 35 se trouvent au Danemark, pays leader. Les Pays-Bas comptent 19 entreprises certifiées et la Belgique en compte huit.
Glashouwer y voit plusieurs raisons: "ClimateCalc n'est pas encore suffisamment connu. Contrairement au label FSC, par exemple, l'organisation ne dispose pas de divisions locales chargés de la promotion et des campagnes de marketing. Néanmoins, la situation s'est quelque peu améliorée ces dernières années, car les clients posent davantage de questions sur le CO2."
Et si une imprimerie décide de se lancer, il existe toutes sortes d'alternatives gratuites à ClimateCalc: "Il suffit de chercher un calculateur de CO2 sur Google pour le télécharger en un rien de temps et calculer son empreinte carbone. Seule ombre au tableau: ces outils ne vous seront généralement pas d'une grande utilité car ils ne sont pas agréés et ne répondent pas aux normes internationales. En fin de compte, vous serez de toute façon perdant. Alors que ClimateCalc est entièrement agréé."
De nombreuses entreprises préfèrent remettre ce type d'activité à plus tard ou essayer de tirer un peu. Il est souvent utile que les pouvoirs publics contribuent à ce processus en accordant des subventions. "En tout état de cause, il ne s'agit pas d'un manque de volonté", observe Glashouwer. "Le problème de nombreuses entreprises est le suivant: qui va le faire? Le directeur n'a pas le temps. Le responsable des commandes et la production ont déjà bien du travail pour respecter les calendriers. Et il n'y a généralement pas de coordinateur de durabilité ou de RSE. C'est là que nous, le Dienstencentrum, nous pouvons aider les entreprises. Bien sûr, cela implique un coût, mais cet investissement est négligeable s'il permet de fidéliser les clients et de créer de nouveaux marchés.
Améliorer l'accessibilité
Entre-temps, le Dienstencentrum continue d'investir dans l'amélioration de l'accessibilité de ClimateCalc. "Les entreprises se montrent vraiment intéressées par l'utilisation de ce bilan carbone", explique Glashouwer. "Mais dans la pratique, un responsable des commandes travaille toute la journée dans le système de gestion des commandes, et non dans ClimateCalc. C'est pourquoi, il y a quelques années, nous avons fait équipe avec Dataline pour voir comment nous pouvions transposer ce calcul de CO2 dans leur environnement ERP MultiPress".
Grâce au module 'MultiPress CO2 Calculator', le responsable de la commande peut désormais calculer à la fois la commande et l'empreinte carbone- "à condition que l'entreprise soit accréditée pour ClimateCalc, bien sûr", souligne Glashouwer. Entre-temps, des intégrations similaires ont également été réalisées avec des systèmes de Compri et Prodist, par exemple, mais Glashouwer espère qu'à terme, une API sera disponible pour faciliter la connexion de ClimateCalc à des systèmes externes. "L'industrie graphique est vraiment à l'avant-garde dans ce domaine, nous disposons d'outils que d'autres industries n'ont pas. Il s'agit du seul système d'accréditation de ce type dans le monde entier". Il appartient maintenant aux entrepreneurs graphiques d'en récolter les fruits.
Unique au monde
ClimateCalc est un module de calcul basé sur la recommandation pour le calcul de l'empreinte carbone du secteur graphique de l'association professionnelle/fédération sectorielle européenne Intergraf. La recommandation d'Intergraf est la seule norme graphique internationale pour le calcul de l'empreinte carbone dans le monde. Cette norme est importante car elle garantit que tous ceux qui l'utilisent calculent l'empreinte carbone sur la même base. ClimateCalc est également conforme aux normes ISO 14064-1, ISO 16759 et au protocole international sur les gaz à effet de serre (The Green House Gas protocol, abrégé GHG protocol). Pour obtenir la liste des entreprises certifiées et une version de démonstration de ClimateCalc, surfez sur www.climatecalc.eu.
