Glyphosate ou acide pélargonique?

Avantages et inconvénients

Le glyphosate reste le désherbant le plus populaire auprès des utilisateurs professionnels. Quels sont les points forts et les points faibles de cet herbicide total ? Et qu'en est-il de la licence phyto?

LE GLYPHOSATE: TOUJOURS LE PLUS UTILISÉ

Sûr ou pas?

Le glyphosate excelle par son efficacité, mais la sécurité de ce désherbant fait débat depuis 2005. Cette substance est devenue encore plus controversée après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a inclus le glyphosate dans la liste des substances susceptibles d'être cancérigènes pour l'homme. En 2017, l'Agence européenne des produits chimiques ECHA a classé le glyphosate comme non cancérigène. Du côté du secteur privé, de plus en plus de questions se posent sur la sécurité relative à cet agent chimique. De fortes concentrations de glyphosate ont été trouvées dans les eaux de surface.

Le produit reste intéressant

La vente de glyphosate aux particuliers a été restreinte en 2018, mais dans le monde professionnel, c'est toujours le produit le plus utilisé pour lutter contre les mauvaises herbes tenaces. Le produit est intéressant car il empêche la production de certains acides aminés. Il tue la plante, y compris les pousses. La racine disparaît complètement, et peu de temps après l'application, vous pouvez semer à nouveau. Le seul point faible du glyphosate ? Il ne fonctionne que par effet de contact. S'il y a une pousse dans le sol à côté de la plante pulvérisée, elle sortira de terre deux semaines plus tard.

ACIDE PÉLARGONIQUE

Efficace ou non?

Toutefois, le recours aux grandes quantités de glyphosate chaque année doit être évité. Les mauvaises herbes peuvent également devenir résistantes. Il existe des désherbants écologiques sur le marché, mais leur efficacité ne fait pas l'unanimité. TestAchat a examiné de plus près les herbicides basés sur d'autres substances actives, comme l'acide pélargonique et d'autres acides gras. Dix-neuf produits écologiques ont été exposés à la lumière et testés sur différents types de végétation : du pissenlit à la mousse. "Aucun des produits n'a réussi à éliminer les mauvaises herbes", explique TestAchat. "Seuls les pissenlits ont été contenu dans une certaine mesure par les différents produits, mais au bout d'un mois, ils refleurissaient au mieux de leur forme."

Herbicide total systémique contre herbicide de contact pur

Plusieurs experts regrettent la façon dont TestAchat a procédé car le glyphosate et l'acide pélargonique ont des modes d'action complètement différents. Établir une comparaison directe entre un herbicide total systémique (glyphosate) et un herbicide de contact pur (acide pélargonique) n'a aucun sens. Cela revient à comparer des pommes et des poires. Les acides gras détruisent la paroi cellulaire au-dessus du sol. La plante brûle et se dessèche. Les racines restent intactes, la repousse est donc possible, surtout pour les mauvaises herbes à rhizomes. Il n'est pas rare de devoir répéter le traitement quatre ou cinq fois. Tout dépend aussi d'une bonne application. Les acides gras sont utilisés de préférence en plein soleil. S'il pleut trop, l'acide sera 'lavé' de la plante. Il est également important de pulvériser la plante entière, sinon vous ne vous en débarrasserez pas.

Il n'est pas rare de devoir appliquer le produit quatre à cinq fois avec un herbicide de contact

Un long chemin vers la reconnaissance

"C'est terrible que le seul produit que les particuliers pouvaient encore utiliser soit supprimé", répond-on à l'unanimité. "Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que tous les produits autorisés en Belgique ont dû parcourir un long chemin avant d'être mis sur le marché, et que leur efficacité a été étudiée à chaque fois. C'est une ineptie au final de les écarter complètement. A condition d'être manipulés correctement, l'acide pélargonique et ses associés peuvent avoir un bon effet."

Dans quelle mesure les alternatives sont-elles durables?

Les alternatives ne sont pas aussi durables qu'annoncé. Le brûlage des mauvaises herbes à l'aide de brûleurs à gaz consomme des combustibles fossiles et présente un risque d'incendie pendant les mois d'été. Une brosse en acier disperse des particules métalliques. Les remèdes maison et cuisine tels que l'eau de javel ou le sel endommagent le sol et déciment les insectes utiles. Et tout le monde n'a pas la forme physique pour biner pendant une heure. L'acide, en revanche, se décompose en eau et en carbone : des nutriments déjà présents dans la nature.

Le bon dosage

Il est important de toujours suivre les instructions de dosage figurant sur l'emballage. Si vous appliquez un mauvais dosage, les acides ne pourront pas fonctionner correctement. Il existe des acides lourds et des acides légers. Les acides lourds ont un certain pourcentage de matière active par litre en plus. Mais les acides les plus lourds ne sont pas nécessairement les meilleurs. Ils sont plus lourds en concentration, mais si vous ne les dissolvez pas correctement, vous n'obtiendrez pas l'effet désiré.

Union européenne

Il est probable que les pesticides respectueux de l'environnement deviendront de plus en plus courants. Les particuliers qui font appel à un entrepreneur parcs et jardins, par exemple, peuvent être réticents à utiliser le glyphosate dans leur jardin. À Bruxelles, toutes les formulations contenant du glyphosate sont interdites depuis fin 2016. En Wallonie, il y a eu une interdiction temporaire pour les professionnels, mais un récent arrêt du Conseil d'État a annulé cette décision. Le glyphosate sera encore autorisé dans l'Union européenne jusqu'au 17 décembre 2022 au moins. Après cela, il y aura probablement une prolongation.

Dans tous les cas, le glyphosate sera encore autorisé dans l'Union européenne jusqu'au 17 décembre 2022

Licence phytosanitaire
Toute personne souhaitant utiliser le glyphosate doit obtenir une licence phytosanitaire. Les licences qui arrivaient à échéance fin 2020 ont été prolongées d'un an en raison de la pandémie. En Belgique, il y a environ 70.000 titulaires de permis. Ce nombre sera probablement plus faible lors du prochain renouvellement du cycle car il y a maintenant beaucoup de profils dormants parmi eux. Pensez aux entreprises agricoles dont les enfants ou le conjoint ont également obtenu une licence, mais ne sont plus actifs. Il existe trois types de licence différents. La licence la plus élevée est P3. Les détenteurs peuvent vendre du glyphosate et fournir des informations à son sujet. Les titulaires d'un permis P2 ne peuvent qu'acheter et utiliser du glyphosate. Les titulaires d'une licence P1 ne sont autorisés qu'à assister. Une licence P3 équivaut à 120 heures de formation et à 18 heures de formation complémentaire. Vous pouvez obtenir un permis P2 après 60 heures et 12 heures de formation. Une licence P1 requiert 16 heures et 9 heures de formation. Depuis septembre dernier, les cours se déroulent en ligne, en groupes de trente participants maximum.

soutenir LA RECHERCHE

La recherche d'alternatives au glyphosate bat son plein. L'industrie phytosanitaire est, après le secteur pharmaceutique, l'industrie la plus orientée vers les investissements. Elle associe invariablement le profit à la recherche de nouveaux produits. L'été dernier, Bayer a annoncé qu'elle allait investir plus de 5 milliards d'euros dans la recherche sur les désherbants alternatifs. Mais la mise sur le marché d'un nouveau produit peut facilement prendre quinze ans. Le cadre juridique prend énormément de temps. L'évaluation des risques est d'abord effectuée au niveau européen, suivie d'une procédure d'approbation nationale. La dernière fois qu'une nouvelle famille de modes d'action a été découverte, c'était il y a tout juste trente ans. On s'attend toutefois à ce que de nouveaux dérivés des familles d'herbicides existantes arrivent sur le marché dans les années à venir.

Merci à Baets AgriTech, DCM, ECOstyle et Phytofar