Ventes de voitures électriques: diminution dans l'UE, augmentation au niveau mondial

Selon l'assureur-crédit Allianz Trade, les ventes de voitures électriques (VE) dans l'Union européenne, après avoir baissé en 2024, vont encore reculer cette année. À l'échelle mondiale, les ventes de VE affichent en fait une tendance à la hausse. L'assureur-crédit propose un plan en dix étapes pour stimuler les ventes de VE en Europe et dans son propre secteur automobile. Un conseil: proposez rapidement de petits modèles bon marché.

En Allemagne, le nombre de VE vendus l'année dernière a chuté de 27%. La Belgique se distingue en Europe. Les données de Traxio montrent que les immatriculations ont fortement augmenté en 2024: de 93.181 à 127.922 (+37,3%) pour les nouvelles voitures électriques. En Chine, l’augmentation des ventes a atteint +40%, indique l'assureur-crédit.

Rôle du gouvernement

Johan Geeroms, Directeur Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade: "Les chiffres des ventes de VE sont fortement influencés par l'existence ou non de subventions gouvernementales pour la conduite électrique. L'augmentation de 40% des ventes en Chine est largement due au soutien du gouvernement. Entre 2009 et 2023, la Chine a investi 231 milliards de dollars dans les VE. En revanche, la diminution de près de 30% enregistrée en Allemagne est due à la suppression progressive des subventions. De plus, les constructeurs automobiles allemands n'ont manifestement pas réagi à temps en proposant des VE de petite et moyenne taille à un prix acceptable. Ils ont raté le coche et doivent maintenant aussi faire face aux droits de douane à l'importation annoncés par Trump."

Selon M. Geeroms, la situation des VE aux États-Unis est également précaire à court terme. "Les ventes de VE augmentent. Pas énormément. 2024 montre une augmentation limitée de +2%. Mais sous Trump, cela pourrait se transformer en déclin. Dans des États comme le Texas et le Wyoming, les consommateurs doivent déjà payer une taxe de pénalité s'ils achètent un VE."

Les VE… trop chers

M. Geeroms cite d'autres facteurs expliquant le ralentissement de la progression des VE en Europe. Il s'agit notamment de l'infrastructure de recharge. "Pour les acheteurs de VE, les installations de recharge sont cruciales. La Belgique a remarquablement bien rattrapé son retard. À la fin du mois de juin 2024, le pays comptait près de 72.000 points de charge publics, soit le double de l'année précédente, avec l'ajout de 36.000 nouveaux points de charge. Cette évolution montre que la Belgique connaît une croissance importante pour rattraper son retard au sein de l'UE. Il y a actuellement 800.000 points de charge dans l'UE alors que, d’après nos estimations, entre 3 et 9 millions de points de charge seront nécessaires pour une couverture saine en 2030. Par ailleurs, le prix est bien sûr un sujet brûlant. Dans l'UE, les consommateurs trouvent le prix trop élevé, comme le montre notre étude. En Belgique, par exemple, 70% des personnes interrogées estiment que les VE sont trop chers."

Prendre le train en marche

Selon M. Geeroms, le ralentissement des ventes de véhicules électriques en Europe est temporaire. "La conduite électrique est l'avenir. On ne peut plus l'arrêter. Regardez l'électrification totale en cours. L'innovation technologique et les réglementations de plus en plus strictes en matière d'émissions ne feront qu'accélérer les développements dans le domaine des VE. Il est important que l'Europe sache comment prendre ce train en marche. Jusqu'à présent, l'industrie automobile européenne a complètement raté la bataille. La Chine a des kilomètres d'avance. Pourtant, il existe encore des possibilités de rattrapage. Mais il faut agir maintenant. Tant au niveau de l'industrie que des pouvoirs publics. De plus, à partir du 1er janvier 2025, les constructeurs automobiles devront payer une amende pour chaque voiture produite dans l'UE qui émet trop de CO₂. Pour Volkswagen, une amende provisoire de 7,4 milliards d'euros est attendue dans le cadre d'une politique inchangée."

Exemples

Geeroms énumère plusieurs mesures nécessaires pour redresser l'industrie automobile. "Prenez la batterie. Elle représente 40% du prix de revient d'une voiture électrique. L'industrie automobile européenne se contente encore de batteries NMC (nickel-manganèse-cobalt) coûteuses, tandis que les constructeurs chinois misent massivement sur les batteries LFP (lithium-fer-phosphate). Celles-ci sont beaucoup moins chères et beaucoup moins dépendantes de matières premières rares. Pour rester dans la course, il faudra des investissements technologiques considérables." Actuellement, les six plus grands producteurs de batteries au monde sont chinois et les autres sont également asiatiques.

Un autre exemple cité par M. Geeroms est celui des dizaines de modèles de nouvelles voitures que les constructeurs automobiles européens continuent de lancer chaque année. "Non seulement ils se font une concurrence acharnée, mais ils manquent aussi de concentration. Réunissez quelques petits modèles abordables, c'est ce qu'attend le marché."

M. Geeroms critique également la politique européenne. "Le soutien apporté est trop fragmenté et beaucoup trop incertain. Introduisez des politiques commerciales strictes. Envisagez des droits d'importation stricts sur les VE chinois bon marché et subventionnés par l'État. Encouragez l'industrie nationale. Investissez dans la chaîne de production des batteries et dans l'infrastructure de recharge. Nous pensons qu'au moins 200 à 300 milliards d'euros sont nécessaires pour cela. La politique européenne devrait fournir une incitation stable et cohérente pour les VE. Envisagez, par exemple, une prime de reprise pour les VE de moins de 45 000 euros et une extension de l'obligation aux voitures de société à zéro émission."

Dix recommandations

Le rapport van Allianz Trade présente un plan en dix étapes pour l'Europe afin de restaurer la compétitivité de l'industrie automobile européenne.

Cinq recommandations pour l'industrie automobile:

1. Réduire le nombre de modèles: Limiter la gamme à cinq ou six modèles, dont la moitié sont hybrides ou électriques. Réduire le grand nombre de modèles supplémentaires (essence/diesel) qui font grimper les prix de vente et assurer un pipeline serré de nouveaux modèles.
2. Approfondir l'intégration verticale et l'investissement dans les solutions de recharge: Investir dans des solutions de recharge personnalisées.
3. Augmentation des dépenses d'investissement dans la technologie.
4. Explorer de nouveaux marchés: se concentrer davantage sur les marchés émergents tels que l'Inde, le Viêtnam, l'Indonésie et l'Amérique du Sud, où le taux de motorisation est faible et où la concurrence internationale est encore peu développée.
5. Renforcer la collaboration: encourager la collaboration à l'intérieur et à l'extérieur du secteur par le biais de coentreprises et de projets collectifs afin de créer des économies d'échelle.

Cinq recommandations à l'intention des décideurs politiques:

1. Droits de douane sur les voitures à faible provenance européenne: appliquer des droits de douane de 40 à 50% sur les voitures dont les composants et les coûts de production (à l'exclusion de la batterie) ont un taux de provenance européenne inférieur à 75%.
2. Encourager la coopération et les nouvelles entreprises communes.
3. Prime de reprise pour les véhicules électriques: Attribuer une prime de reprise de 15% sur l'achat de véhicules électriques de moins de 45.000 euros pour les consommateurs, sous réserve d'un taux d'approvisionnement européen de 75%.
4. Investissement dans l'infrastructure de recharge: investir entre 200 et 300 milliards d'euros dans l'infrastructure de recharge pour soutenir la croissance du parc de VE.
5. Financement de la recherche et du développement: consacrez 5% du programme Horizon de l'UE à des projets axés sur les batteries, la technologie de conduite autonome, les logiciels pilotés par l'IA et le recyclage.