La construction belge peut gagner en efficacité en numérisant la spécification du béton

Pour beaucoup de gens, "le béton, c'est du béton". Mais ceux qui sont actifs dans le monde de la construction savent que ce n'est pas aussi simple. La spécification du béton pour une application particulière sur le chantier est un travail délicat. En Belgique, le prescripteur (architecte ou bureau d'études) s'appuie sur la norme européenne NBN EN 206 et son complément belge NBN B 15-001 pour la spécification du béton. Le prescripteur transmet les spécifications via le cahier des charges à l'entrepreneur, qui passe commande à la centrale à béton. Pendant la phase d'exécution, la centrale à béton se charge de livrer le béton demandé et l'entrepreneur peut alors commencer à l'utiliser dans ses travaux. Mais dans la pratique, beaucoup de choses peuvent mal tourner dans ce processus.

Normes européennes et belges

La norme belge NBN B 15-001 est parue en juillet 2018 pour compléter la norme européenne NBN EN 206, publiée en 2014, portant sur la spécification, les performances, la production et la conformité des bétons. Cette norme belge, la NBN B 15-001, est essentielle dans le sens où elle tient compte des environnements et des pratiques belges les plus courants. En outre, de nombreuses exigences de la norme européenne sont purement informatives. Ces deux normes indissociables constituent la base de la certification BENOR du béton.

"Les normes européennes et belges sont des lignes directrices indispensables pour la spécification du béton", déclare Vinciane Dieryck au Centre scientifique et technique de la construction (CSTC). "Mais ces documents volumineux et complexes ne sont pas vraiment idéaux pour guider la rédaction de spécifications. Les prescripteurs doivent budgétiser correctement un grand nombre de variables, et ce n'est pas facile."

Conséquences d'une spécification incorrecte?

Une mauvaise spécification du béton a des conséquences. Il faut absolument une spécification corecte du béton dans le cahier des charges et au moment de la commande pour éviter les discussions après la mise en œuvre. En effet, les critères pour obtenir un béton de qualité varient selon l'application. Par exemple, une spécification incorrecte peut entraîner:

• la ségrégation du béton ou une pose difficile en raison d'une classe de consistance incorrecte ;
• une durabilité réduite (par exemple, en raison de la corrosion de l'armature ou d'une attaque chimique), due à une classe environnementale incorrecte ;
• un enrobage incomplet de l'armature en raison du blocage de granulats de taille inadaptée.

La nouvelle application "BéTON" devrait faciliter la spécification

"Les dommages sur le site ou après l'achèvement des travaux entraînent des litiges, de l'amertume dans les relations, des pertes de temps et une augmentation des coûts. C'est à partir de cette réalité économique que nous avons commencé à réfléchir à une solution au sein de notre laboratoire de technologie du béton", explique Vinciane Dieryck. "Nous avons développé un arbre décisionnel avec lequel nous déterminons toutes les variables pour la spécification du béton au moyen d'une série limitée de questions. Nous nous sommes basés sur les normes européennes et belges mais nous sommes également allés plus loin. Le résultat de cet exercice est une spécification correcte de l'élément en béton que le prescripteur a à l'esprit."

Autour de cet arbre décisionnel, le CTSC a développé une application appelée simplement BETON, qui est mise gratuitement à la disposition du professionnel belge de la construction. Cette application peut être consultée en ligne sur betonapp.cstc.be.