La MLU prépare plusieurs modèles d'hélicoptères NH90 pour l'avenir

L'hélicoptère de combat NH90 est comme un costume italien taillé sur mesure pour la marine royale néerlandaise. Mais un costume qui a du mordant. Bien taillé, rapide, puissant et agile, cet appareil est utilisé, entre autres, pour la lutte anti-sous-marine, la garde côtière, le transport amphibie et la surveillance de l'environnement d'une flotte. Il est capable de collecter des données pertinentes et d'extraire les menaces depuis la terre ferme ainsi que depuis la plupart des navires.

Une modernisation en profondeur et complète

En 2028 est prévue la MidLife Update (MLU - mise à niveau de mi-vie) multinationale des appareils. Une modernisation en profondeur et complète qui est déjà en préparation. Le port d'attache est la base aéronavale De Kooy, près de Den Helder, où les 19 NH90 néerlandais font partie de l'escadron 860 du Defensie Helikopter Commando. D'un point de vue organisationnel, ces appareils appartiennent à la Force aérienne royale, mais ils sont déployés par et pour la Marine.

Le chef de projet et ancien pilote d'essai du NH90, le lieutenant-colonel Rogier, explique que la MLU devrait permettre à l'appareil de rester déployable sur le plan opérationnel et pertinent pour l'avenir. "Depuis 2010, les développements technologiques autour de nombreux systèmes du NH90 ont été extrêmement rapides et cela continue sans relâche. Il faut donc prendre grand soin de cet appareil pour apporter ces innovations au bon moment. Et ne pas se décider trop tôt sinon on modernise des systèmes qui seront déjà obsolètes lorsqu'on commencera vraiment à les intégrer."

"Mais il ne faut pas non plus choisir le dernier cri tant qu'il n'est pas prouvé qu'il s'agit d'une technologie fiable et opérationnelle. Ce n'est qu'en procédant de la sorte que l'on obtiendra un dispositif qui permettra à la Marine de continuer à accomplir ses tâches au niveau souhaité à l'avenir. L'idée est que la MLU augmente le 'mordant' du NH90".  Rogier ajoute que la modernisation est indépendante des travaux de maintenance habituels.

Système de collecte

Techniquement, l'hélicoptère est un système de collecte polyvalent. Rogier parle d'un véritable 'aspirateur de données', qui englobe de nombreux sous-systèmes en interaction. Par exemple, il y a à bord 97 ordinateurs qui forment un réseau commun.

Pour chaque sous-système, l'équipe du projet MLU examine s'il peut durer jusqu'à la seconde moitié de sa vie utile et évalue s'il convient de le remplacer par des solutions plus sûres pour l'avenir. L'équipe étudie notamment les systèmes permettant de maintenir l'avion dans les airs et de le faire naviguer par tous les temps au-dessus de la mer. Une grande attention est accordée aux systèmes permettant de collecter et de transmettre des données et d'éliminer des cibles.

Multitool

Pour la lutte anti-sous-marine, le NH90 est équipé d'un HELRAS (Helicopter Long Range Active Sonar) qui utilise un 'dipping pod'. Il s'agit d'un microphone sous-marin très sensible qui est plongé dans la mer à partir de l'appareil sur un câble pour détecter les sous-marins. L'appareil utilise également des bouées sonar pour localiser des cibles qui ne nécessitent pas que l'hélicoptère soit stationnaire.

Le NH90 dispose de deux torpilles pour attaquer les sous-marins. Pour combattre les navires de surface, le NH90 est indispensable en tant que capteur pour ses propres navires de guerre, qui peuvent attaquer les navires ennemis sur base des informations fournies par le capteur. Pour les déploiements des garde-côtes, il est possible de placer des mitrailleuses de bord ou des installations pour tireur d'élite, par exemple dans le cadre d'opérations de lutte contre la drogue ou la piraterie.

L'hélicoptère peut également amener des équipes d'abordage sur les navires. Dans le rôle amphibie, il peut débarquer des unités à partir de navires plus grands dotés d'équipements d'autoprotection supplémentaires. En outre, il peut effectuer des tâches de transport, notamment transporter des équipements dans un filet entre des navires en mer. Dans ces rôles-là, le sonar et le poste de commande de l'opérateur du capteur sont retirés pour faire de la place.

Un ou deux pilotes

L'appareil peut également être utilisé dans le cadre d'opérations de recherche et de sauvetage (SAR) et pour évacuer des blessés sur civière. Les différents déploiements nécessitent des compositions d'équipage différentes. Il peut y avoir un ou deux pilotes: un TACCO (coordinateur tactique), complété par un ou deux opérateurs de capteurs et un opérateur de sauvetage.

Les opérateurs de capteurs disposent de leur propre poste informatique derrière les sièges des pilotes. Le TACCO est toujours assis sur le siège gauche du cockpit, le pilote se trouvant sur le siège droit. Le TACCO n'est pas formé au pilotage, mais il peut aider le pilote à naviguer, à communiquer par radio et à exécuter les procédures d'urgence. Dans le cas exceptionnel où il arriverait quelque chose au pilote, le TACCO peut, à l'aide du pilote automatique, ramener l'avion à bon port ou le poser sur l'eau.

Les atterrissages sur pont ne sont pas possibles dans cette situation. Lors d'une utilisation sur les bateaux, une équipe de maintenance monte également à bord. La conception modulaire du NH90 maritime en fait un véritable outil polyvalent aux multiples facettes. Cependant, il faut tenir compte des tâches qui lui sont assignées, car toutes les configurations ne sont pas aussi faciles à adapter.

Rogier: "Comparé au NH90, son prédécesseur, le Lynx, ressemble à une voiture de sport sympa, mais avec beaucoup moins d'options et de capacités. Par exemple, le Lynx n'avait pas de liaisons de données et tout devait être transmis par le TACCO par radio, au moyen de rapports vocaux. Même par rapport à d'autres types d'appareils, nous sommes très satisfaits de la polyvalence et des qualités du NH90. D'ailleurs, nous allons en acheter trois autres."

Liaison de données

L'une des principales innovations de la MLU sera le remplacement du système de liaison de données Link 11, devenu obsolète. Le réseau novateur Link 22, qui permet de communiquer avec d'autres navires, hélicoptères et avions de l'OTAN, sera doté de fonctionnalités supplémentaires et d'une sécurité nettement améliorée. Il permet notamment des communications sécurisées en visibilité directe (LOS) et au-delà de la visibilité directe (BLOS) sans utiliser de satellites.

"Comparé au NH90, son prédécesseur, le Lynx ressemble à une voiture de sport sympa"

C'est la première fois que le Link 22 sera déployé dans un hélicoptère. La mise à jour permet de partager plus facilement des informations situationnelles en temps réel et d'agir plus efficacement en tant qu'unité coordonnée. Parmi les autres points clés, citons l'augmentation de l'autonomie grâce à des réservoirs de carburant externes, l'amélioration des systèmes sonar et le remplacement de l'actuelle torpille Mark 46, commande comprise, par la torpille avancée Mark 54.

Lors de l'identification des points d'amélioration, la disponibilité des pièces de rechange a également été prise en compte. Rogier: "Parfois, nous constatons que le fabricant ne les fabrique plus ou que le logiciel ne peut plus être mis à jour. Nous parlons alors d'obsolescence et nous procédons à un remplacement préventif. Même si les systèmes fonctionnent encore aujourd'hui."

Européen

Le NH90 maritime est également utilisé par les Français, les Belges, les Allemands et les Italiens. Ces appareils, souvent repris dans des configurations différentes, sont également inclus dans l'UML multinationale. La version française n'y participe pas. Les partenaires de l'OTAN travaillent ensemble au sein de la NATO Helicopter Management Agency (NAHEMA), qui mène les négociations avec le fabricant NHIndustries (NHI).

L'équipe internationale NAHEMA s'efforce de créer un maximum de synergies entre les différents cahiers des charges, tout en tenant compte des éventuelles innovations proposées par le fabricant. L'équipe néerlandaise du projet MLU du Commando Matériel et IT (COMMIT), ainsi que les équipes des autres utilisateurs européens du NH90, doivent parvenir à un consensus. NHI est un consortium regroupant les constructeurs aéronautiques Airbus, Leonardo et Fokker. En outre, les parlements nationaux et les ministères ont également leur mot à dire dans la définition de la mission et du budget de la MLU.

Nous sommes tous très curieux
C'est par un après-midi de janvier typiquement gris, froid et venteux que le TACCO (coordinateur tactique) Gijs vient chercher son visiteur d'Industrial Maintenance au bureau d'enregistrement de la base aéronavale De Kooy, près de Den Helder, et l'emmène dans le hangar où sont garés trois NH90. Ils sont plus gros qu'on ne le pense. L'officier de marine vole sur le NH90 et parle de la prochaine MLU du point de vue de l'utilisateur.
"Je ne pilote le NH90 que depuis un an et demi et, d'après mon expérience, c'est un engin extrêmement polyvalent. Vraiment super. C'est un appareil fondamentalement différent et plus grand que son prédécesseur, le Lynx. Mais il est également plus polyvalent et plus moderne que le Seahawk et les hélicoptères Merlin utilisés par d'autres pays de l'OTAN. Ces histoires persistantes de rouille appartiennent au passé et ne sont plus d'actualité."
"Bien sûr, de nombreux systèmes datent encore des années 90, lorsque ont été rédigées les exigences relatives à l'hélicoptère de l'OTAN des années 90, mais les innovations nécessaires sont devenues disponibles. Ces systèmes sont nettement plus rapides et disposent de plus de fonctions et de capacités. Vous comprendrez que nous soyons tous très curieux de voir ce que donnera la MLU, des nouveaux systèmes avancés et de la capacité de frappe supplémentaire qu'elle nous apportera. Si on aime l'ingénierie et la maintenance, on est vraiment au premier rang ici. Cela va nous permettre d'aller de l'avant et nous aider à faire notre travail en ces temps de menaces croissantes."

Un travail de titans

Un budget de 661 millions d'euros a été alloué aux appareils néerlandais. Rogier: "Cela crée un jeu de forces dynamique et complexe qui nécessite des consultations préalables, des études, une coordination et une planification intensives. Si l'on ajoute à cela que les avions ne peuvent pas tous subir la MLU en même temps, on se rend compte que la MLU n'est pas seulement un défi technologique, mais aussi un défi organisationnel, logistique, financier et de planification, et qu'il s'agit d'un travail de titans."

L'équipe internationale NAHEMA s'efforce de créer un maximum de synergies entre les différents cahiers des charges

Dans l'ensemble, le premier avion passera sa MLU chez NHI en Italie, afin d'acquérir de l'expérience avec le processus. Ensuite, les appareils suivants pourront être pris en charge aux Pays-Bas, chez Fokker à Hoogerheide Woensdrecht, sous la direction de l'équipe de maintenance de l'escadron 980. De cette manière, la Défense aura plus d'influence sur la planification et les délais d'exécution.

La MLU ne couvre pas seulement les aspects techniques de l'appareil. Il faut tenir compte des ressources de formation, d'un simulateur amélioré et d'une formation supplémentaire du personnel navigant et du personnel au sol. De nouveaux pilotes, techniciens et autres collaborateurs de soutien sont donc les bienvenus. Les systèmes de planification et d'analyse des missions, les équipements de maintenance et d'essai sont également en cours de développement. "Nous attendons déjà avec impatience le moment où nous pourrons commencer à travailler avec le NH90 modernisé".

L'appareil a été acquis avec une durée de vie utile prévue de 30 ans. Or, on entend déjà des bruits selon lesquels cet horizon pourrait aller jusqu'à 50 ans. Il s'agit d'un mouvement envisagé pour un plus grand nombre d'équipements de Défense, la carcasse restant inchangée autant que possible tandis que les parties internes sont modernisées. On compte pour chaque appareil un délai de mise en œuvre de la MLU d'un an et demi. On peut espérer réduire ce délai à environ 14 mois en acquérant de l'expérience. D'ici 2032, la MLU complète devrait être achevée.

Spécifications techniques
• Fabricant: NHIndustries
• Nombre: 19
• Type: NH90 NFH (Nato Frigate Helicopter)
• Longueur: 19,56 mètres
• Largeur: 5,30 mètres
• Diamètre du rotor: 16,30 mètres
• Poids maximal: 11.000 kilos
• Moteurs: 2 Rolls-Royce Turboméca RTM322
• Vitesse maximale: 260 kilomètres/heure, soit 140 noeuds Indicated Airspeed (KIAS)
• Vitesse optimale pour couvrir la distance de vitesse maximale: entre 110 et 125 KIAS ou environ 204 et 230 km/heure. Cela dépend du vent de face ou du vent arrière sur le moment
• Autonomie de vol: 800 kilomètres
• Couleur: gris clair
• Equipage: 2 à 4, selon la mission
• Armement: 2 torpilles Mark 46 deux mitrailleuses moyennes MAG deux mitrailleuses lourdes M2
• Capteurs: HELRAS (helicopter long range active sonar), European Navy Radar (radar de surface à 360 degrés), FLIR (forward looking infra-red), bouées sonar, ESM (electronic support measure).

(Source: ministère néerlandais de la Défense)