Un processus de numérisation parfaitement maîtrisé

Stratégies concrètes et pistes de travail

La numérisation est souvent présentée comme une stratégie cruciale pour assurer la pérennité des entreprises, y compris dans l'industrie alimentaire. Mais comment s'y prendre et de quoi s'agit-il exactement? Quelles sont les opportunités à saisir et surtout quels sont les écueils à éviter? Dans cet article, nous faisons le point sur les choses à faire et à ne pas faire en matière de numérisation.

Pourquoi numériser?

Au sein de l'industrie alimentaire, les stratégies numériques sont de plus en plus adoptées. L'apprentissage automatique, la blockchain, l'informatique en cloud, l'intelligence artificielle et les systèmes de big data en sont des exemples. La base de tout cela, ce sont les données. Cela va des informations sur les produits au comportement des consommateurs. De nombreuses données proviennent de la chaîne d'approvisionnement, ce qui rend cruciale la collaboration (numérique) avec d'autres partenaires.

Fondamentalement, les données sont généralement une source d'informations sur le pilotage des processus afin de les optimiser. Prenons l'exemple des capteurs et des appareils de mesure qui fournissent des données permettant de surveiller et d'ajuster les processus par le biais de tableaux de bord numériques. L'objectif est de permettre aux personnes et aux machines de communiquer entre elles afin que toute erreur soit automatiquement détectée et corrigée.

Ces évolutions touchent toutes les entreprises de l'industrie alimentaire, et l'on s'attend à ce que le nombre de rapports exigés par l'Europe augmente encore. Ce sont souvent les grands acteurs du secteur qui sont les plus touchés par ces changements, mais il est probable qu'ils demanderont à leurs partenaires de numériser également la plupart des processus et de tenir ainsi des registres détaillés. Ceux qui ne veulent pas être laissés pour compte dans le secteur n'ont donc pas intérêt à rater le coche du numérique.

L'étude de Rabobank montre que les entreprises qui misent sur la numérisation ont plus de chances de voir leur chiffre d'affaires augmenter. Pourtant, il n'est pas toujours facile d'en faire un argument commercial attrayant: après tout, les coûts viennent avant les bénéfices - souvent difficiles à estimer. Il est certain que la numérisation est de plus en plus considérée comme une nécessité plutôt que comme une option. La numérisation des systèmes de qualité est souvent essentielle pour répondre aux demandes de plus en plus exigeantes des consommateurs et optimiser l'efficacité des processus internes.

Ce faisant, elle offre des avantages tangibles dans de nombreux domaines:

• Traçabilité: les systèmes numériques assurent une traçabilité complète des matières premières au produit fini, ce qui permet d'agir rapidement en cas de problème.
• Efficacité: l'automatisation peut remplacer de nombreux processus manuels. Cela augmente non seulement la vitesse, mais aussi la fiabilité. De plus, les informations en temps réel facilitent la communication et la coopération.
• Analyse et prise de décision: l'analyse des données et l'intelligence artificielle permettent d'identifier les tendances, de détecter les anomalies et de prévoir les problèmes de qualité et de maintenance.
• Réglementation: la numérisation des données et des procédures facilite les audits et minimise le risque de non-conformité.
• Confiance des consommateurs et transparence: les plateformes numériques et les systèmes d'étiquetage fournissent aux consommateurs des informations sur l'origine, la production et la valeur nutritionnelle.

Un autre atout de la numérisation est lié à la pénurie de travailleurs et d'opérateurs de production. Le recours accru aux données et à l'automatisation peut partiellement remédier à cette pénurie. Les processus nécessitent moins de personnel ou les employés peuvent travailler plus rapidement et plus efficacement, ce qui leur permet d'assumer davantage de tâches. En outre, l'automatisation permet généralement de réduire le nombre d'erreurs et d'améliorer l'homogénéité de la production. Des instructions de travail intelligentes - également dans d'autres langues - peuvent stimuler le transfert de connaissances et l'efficacité.

Cependant, la numérisation présente également des dangers. Il s'agit principalement des cyberattaques et des défaillances de systèmes. L'industrie alimentaire est de plus en plus souvent la cible de cyberattaques, qui peuvent viser tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement. Par exemple, les systèmes peuvent être piratés et une rançon peut être demandée pour tout débloquer. D'autres exemples d'attaques comprennent le phishing, les attaques DDoS, les virus et la fraude au service d'assistance.

En outre, les pannes de système constituent un danger important. Plus une entreprise déploie des procédures numériques, plus l'impact des défaillances du système sera important. L'essentiel est de mettre en place un système robuste avec une marge de manœuvre suffisante pour absorber les problèmes. Un plan de crise bien conçu est également utile à cet égard.

Stratégies concrètes

La "numérisation" est un vaste concept qui englobe de nombreuses stratégies. Celles-ci vont de l'automatisation complète et de l'optimisation continue des lignes de production à la rationalisation des rapports via des tablettes. Le choix est donc vaste et la question est toujours de savoir quels sont les besoins de votre entreprise et comment les réaliser concrètement.

Motivations et obstacles

La plupart des entreprises alimentaires numérisent principalement des processus individuels et isolés. Cette approche devrait principalement faciliter le fonctionnement continu des pratiques établies. La cohérence numérique à tous les niveaux ou l'intégration des partenaires et des clients dans les écosystèmes numériques ne jouent pas encore un rôle crucial; ces aspects sont encore souvent considérés comme des éléments à venir.

Parallèlement, nous constatons que les technologies numériques sont principalement utilisées pour rationaliser davantage ce qui existe déjà: rendre l'organisation flexible, optimiser les processus de gestion et améliorer les procédures liées à la production et à la logistique. Les processus, produits, services ou modèles d'entreprise véritablement nouveaux sont, pour l'instant, assez rares par rapport à d'autres industries.

Les entreprises du secteur alimentaire semblent avoir bien conscience des possibilités qu'offre le numérique. Une enquête menée par FoodProcess montre que 44% des lecteurs pensent que l'impact de la numérisation sera très important. 48% y voient un impact limité, tandis que 8% seulement pensent que les changements seront minimes ou nuls. Dans une autre enquête, 35% des personnes interrogées déclarent que la numérisation est le plus grand défi de l'industrie alimentaire.

Tout cela repose sur les données, dont la plupart proviennent de la chaîne d'approvisionnement

Qu'est-ce qui empêche les entreprises de pousser davantage la numérisation de leurs processus? Une raison fréquente est le manque de compétences du personnel ou l'absence d'une structure organisationnelle adéquate. Souvent, le personnel - qui est de toute façon difficile à trouver - n'a pas encore les connaissances nécessaires pour gérer efficacement ces nouvelles technologies. Il n'est pas surprenant que les entreprises qui s'engagent résolument dans la numérisation investissent massivement dans la formation et le recyclage de leur personnel.

Alors que certaines entreprises misent sur de nouveaux partenariats pour compenser un manque d'expertise interne, d'autres s'appuient fortement sur leurs ingénieurs et techniciens pour améliorer toutes sortes de processus. Cela inclut également l'optimisation des structures de gestion et d'organisation. Dans ce contexte, les innovations numériques ne sont généralement bien accueillies que lorsqu'elles augmentent l'efficacité des produits ou renforcent le modèle commercial de l'entreprise. Il y a donc encore beaucoup de potentiel dans ce domaine.

Au sein des entreprises alimentaires, nous constatons que la plupart des initiatives numériques se concentrent sur les questions administratives: financement, comptabilité et documentation. En outre, les processus fondamentaux de la production, de l'intralogistique et de la chaîne d'approvisionnement constituent un domaine d'investissement privilégié. Les ventes et le marketing sont également largement numérisés. La recherche et le développement, quant à eux, sont les domaines où la numérisation est considérée comme la moins pertinente.

Technologies mises en œuvre

Nous constatons que les tendances du moment ont un impact. Il y a quelques années, les entreprises alimentaires se tournaient principalement vers les cobots, l'IA et la blockchain. Plus récemment, il s'agissait principalement de l'internet des objets (IoT), de l'IA, de l'apprentissage automatique et de la maintenance prédictive.

L'utilisation efficace de ces technologies dans la pratique est une autre affaire. Pour les initiatives pratiques, les gens se rabattent souvent sur des solutions qui existent depuis un certain temps et qui ont donc prouvé leur utilité. L'ERP est le grand favori dans ce domaine. Une étude réalisée en 2020 a révélé que plus de la moitié des entreprises alimentaires utilisaient déjà un système ERP à l'époque, et qu'environ 30% d'entre elles envisageaient de l'adopter.

En deuxième position, on trouve le "cloud", une technologie qui a de nombreuses applications pratiques (y compris pour les progiciels de gestion intégrés ou autres). Un quart des entreprises utilisent le cloud depuis plusieurs années et comptent sur lui pour échanger des données collectées - par exemple à partir de capteurs - et effectuer des calculs en vue d'une optimisation.

Pour les initiatives pratiques, on se rabat souvent sur des solutions qui existent depuis un certain temps et qui ont donc déjà fait leurs preuves

La maintenance prédictive complète le top 3 des technologies les plus mises en œuvre en 2020. Près de 20% des entreprises comptent déjà sur elle, tandis que 17% l'introduiront bientôt et 29% l'envisagent. Parmi les autres technologies en cours d'élaboration figurent la robotique, le MES, le traitement des images industrielles, l'analyse des données massives, également connu sous le nom de Big Data, et l'IoT.

En 2020, plus de la moitié des entreprises agroalimentaires s'intéressaient à l'IA, mais celle-ci n'était pratiquement pas déployée dans la pratique. Entre-temps, cependant, beaucoup de choses ont changé et l'IA a pris son envol. Parmi les lecteurs de FoodProcess, 42% utilisent désormais l'IA pour plusieurs processus, tandis que 46% n'ont qu'un seul cas d'usage. Seuls 4% déclarent ne pas voir de valeur ajoutée dans l'IA.

Commencer par le commencement

À première vue, la numérisation d'une entreprise entière semble être une énorme montagne à franchir. C'est pourquoi il est préférable de diviser cette odyssée en courtes étapes. Commencez donc par le début, avec des améliorations progressives et l'intégration des structures existantes dans les nouvelles implémentations. Il est important d'identifier ce que l'on appelle les "fruits mûrs": quels sont les cas d'usage les plus faciles à réaliser et qui offrent un retour sur investissement réaliste? De cette manière, on crée un soutien pour les initiatives futures.

Il n'est pas nécessaire de mettre en place une stratégie complète pour tout aborder: il suffit d'améliorer les processus et les technologies existants étape par étape. Il s'agit avant tout d'acquérir des connaissances et de l'expérience grâce à ces processus d'apprentissage. Compte tenu de la pénurie souvent évoquée d'employés compétents dans le domaine numérique, commencer par des projets pilotes avant de poursuivre l'expansion peut être une excellente stratégie.

La planification prédictive peut être un bon point de départ pour de nombreuses entreprises. En effet, faire face aux variations et fluctuations croissantes du marché est un défi majeur pour de nombreuses entreprises à l'heure actuelle. La planification prédictive peut facilement être intégrée aux systèmes ERP existants et à d'autres formes de contrôle. Les données en temps réel sont ainsi optimisées et largement partagées.

Identifier les "fruits mûrs": quels sont les cas d'usage les plus faciles à mettre en œuvre et qui offrent un réel retour sur investissement?

La robotique est un autre domaine où beaucoup de choses sont possibles à court terme. Dans l'industrie alimentaire, il s'agit souvent de palettiseurs ou d'autres applications où le robot n'entre pas en contact avec les aliments eux-mêmes. Cette situation évolue rapidement, avec de plus en plus de solutions hygiéniques qui peuvent être mises en œuvre à n'importe quel endroit de la chaîne de production. La communication entre les différents systèmes est ici cruciale, par exemple via MES, ERP ou PLC.

Enfin, il y a aussi le traitement industriel de l'image. Cette technologie ne se contente pas de capturer un grand nombre de données, elle les utilise immédiatement pour intervenir dans les processus. Pensez au tri des produits ou des matières premières et au contrôle de la qualité à différents endroits du processus. L'inspection visuelle peut être mise en œuvre dès la réception des marchandises, ce qui permet de mettre à jour le système ERP et de transporter les marchandises au bon endroit. Les contrôles de qualité monotones peuvent être largement automatisés et les modèles de produits et d'objets peuvent être reconnus facilement et de manière fiable.

Quelle que soit l'application, il est important que les informations pertinentes soient toujours disponibles de manière intuitive et axée sur les processus et l'organisation en question. Les données relatives à l'état de la machine, par exemple, doivent pouvoir être consultées via différentes IHM sur la machine, mais aussi dans les bureaux. Les opérateurs et la direction bénéficient d'un soutien optimal grâce à des fonctions d'analyse intégrées, y compris l'analyse en temps réel de l'efficacité globale du site et de la documentation associée.

L'accès mobile à des données ultra complètes contribue à accroître la flexibilité et la capacité à réagir rapidement aux fluctuations du marché. Pensez aux applications web et aux applications mobiles qui aident les opérateurs et les gestionnaires. En outre, cette approche accroît la transparence des données.

En collaboration avec CSB-Systems, Normec Foodcare et Rabobank