8 étapes pour travailler à haute tension en toute sécurité
Les principaux dangers sont l'arc électrique et l'électrisation
Dans notre pays, il y a peu d'accidents graves causés par une ligne à haute tension. Mais lorsqu'il y en a, ils ont de lourdes conséquences. La sensibilisation est donc indispensable. Surtout que ces derniers temps, on voit arriver en masse des sous-traitants qui ne sont pas assez familiarisés avec les risques de la haute tension.
Quels dangers?
La plupart des accidents impliquant une ligne à haute tension résultent de l'ignorance. Si vous êtes familiarisé avec la haute tension et avez suivi les formations nécessaires telles que BA4 et BA5, vous savez quel danger peuvent présenter les lignes à haute tension.
La situation est différente pour ceux qui ne possèdent pas cette connaissance. Pensez aux non-électriciens qui ignorent qu'un contact n'est pas forcément nécessaire pour être victime d'un arc électrique. Une part importante des accidents est donc due à la proximité d'objets conducteurs tels que des échelles ou des plates-formes de travail aériennes. En d'autres termes, les dangers vont au-delà du contact direct.
Toutefois, nous allons commencer par considérer les dangers d'un choc électrique direct.
Électrocution/électrisation
Tôt ou tard, chaque électricien reçoit un choc électrique, qui est officiellement appelé ‘électrisation’. En revanche, l'électrocution signifie la ‘mort causée par une électrisation’. Pourquoi l'électrisation peut-elle varier autant entre un léger picotement et une électrocution pure et simple?
La réponse se trouve dans la loi de Joule. Elle stipule que la dissipation d’énergie (perte d’énergie utile due au frottement et à la chaleur, exprimée en Wh ou J, entre autres) est le produit de I² x R. En d’autres termes, l’énergie générée dans un corps est le résultat de l’ampérage et de la résistance de ce corps.
La puissance sur une certaine période de temps (E = R x I² x t) donne de l’énergie (unité = kWh ou Joule).La durée d’exposition est donc également un facteur très important. Notez également le signe carré à l’ampérage, une indication de l’importance de ce facteur. Il est généralement admis que même un courant de 10 mA peut constituer un risque. Un simple calcul avec la loi d’Ohm à l’esprit rend cette formule théorique tangible.
Supposons qu’une personne dans un état sec normal soit électrifiée par une tension secteur de 230 V. Nous supposons que la résistance du corps est de 30 kOhm. Le courant traversant le corps est alors (loi d’Ohm, U/R) = 7,67 mA. Cela se rapproche donc déjà de la valeur du risque.
Dans des conditions humides, la résistance électrique du corps humain diminue sensiblement. Si nous utilisons la valeur de résistance indiquée dans le RGIE – 1000 Ohms – le même calcul selon la loi d’Ohm nous dit que le courant augmente jusqu’à 230 mA. C’est principalement le courant qui est dangereux; un courant compris entre 30 et 50 mA peut déjà être mortel en raison de la fibrillation cardiaque.
Nous pouvons calculer la puissance (selon la loi d’Ohm) traitée par le corps humide avec la formule P = U x I. Pour une tension de 230 V et un courant de 230 mA, nous obtenons P = 230 × 0,23, ce qui revient à environ 53 watts. Cette capacité est principalement développée sous forme de chaleur dans le corps.
Sur cette base, la résistance du corps de 1.000 Ohms peut être utilisée pour déterminer qu’une tension supérieure à 50 V peut être dangereuse. Pour cette raison, une tension de sécurité de 50 V est souvent utilisée. En général, on parle plus souvent de puissance que de tension lorsqu’il s’agit de l’effet sur le corps humain.
Si nous travaillons sur un transformateur de, disons, 24 kV, le calcul montre immédiatement pourquoi la plupart des accidents à haute tension entraînent de graves brûlures et des électrocutions. La combinaison d’un corps humide avec une tension de 24 kV conduit à un courant de 24 A. La puissance atteint alors pas moins de 576 kW. Inutile de vous faire un dessin: vous avez compris ce que cela engendre comme développement de chaleur dans le corps humain.
Importance de la résistance
Dans l'exemple précédent, nous avons vu que l'importance de la résistance est considérable. Nous pouvons limiter l'impact de l'électrisation en rendant cette résistance aussi élevée que possible.
De nombreuses mesures de protection trouvent leur origine ici. Si on analyse la résistance totale qu'un courant rencontre sur son passage, on constate qu'il se compose de trois piliers: la résistance d'entrée entre le conducteur et la personne, la résistance corporelle de la personne elle-même et enfin la résistance de contact entre la personne et la terre.
L'intensité du courant dépend donc de la tension divisée par la somme de ces trois résistances. La résistance du corps ne peut pas être influencée et la tension à laquelle le travail est effectué, est fixe en théorie; les mesures de protection jouent donc sur l'augmentation de la résistance d'entrée ou de la résistance de contact.
Gants
Les gants augmentent la résistance d'entrée entre la conduction et le corps, réduisant de cette façon la quantité de courant circulant dans le corps. On croit souvent qu'on peut porter n'importe quel gant lorsqu'on travaille sur des installations. Rien n'est plus faux. Les gants sont divisés en classes en fonction de leur tension de travail maximale, laquelle dépend de l'épaisseur et de la composition des gants.
Bottes/tapis/tabouret
De l'autre côté de la conduction, nous réduisons la résistance de contact en fournissant des bottes de protection. Cette solution est également divisée en classes de protection.
Veuillez noter que les bottes seules ne suffiront pas à réduire suffisamment cette résistance, c'est pourquoi il faut utiliser un tapis haute tension ou un tabouret. La tension limite maximale est toujours indiquée sur le tabouret ou le tapis de sol.
Arc électrique
Jusqu’à présent, nous avons toujours eu à l’esprit l’électrification directe, mais un deuxième danger majeur à haute tension est l’arc électrique en cas de contact indirect. Bien qu’un arc électrique soit visible, et que le courant ne le soit pas, sa nature imprévisible le rend d’autant plus dangereux.
Le risque peut être encore plus grand parce que nous ne pouvons pas toujours dire si nous sommes dans la zone de danger. Lorsque nous sommes trop près d’un conducteur à haute tension, un arc électrique peut se produire sans avertissement. Cela rend le risque inconnu et sous-estimé pour les entrepreneurs qui ne sont pas familiers avec la haute tension.
Garder ses distances avec les lignes électriques semble simple, mais en réalité, ce n’est pas toujours le cas pour les entreprises de construction. En particulier, le placement des grues de construction est souvent problématique.
Les conséquences d’un arc électrique sont graves et très diverses: la chaleur peut atteindre jusqu’à 20.000 °C, la lumière vive peut entraîner la cécité et le son et les ondes de pression peuvent causer des blessures très graves. En prime, vous pouvez également être confronté à des substances toxiques libérées et à des rayons ultraviolets.
Distances de sécurité
Selon le RGIE, la distance minimale que les électriciens BA4 ou BA5 doivent respecter par rapport aux câbles non isolés (dans le cas des lignes à haute tension) est de 2,5 m (ce que l’on appelle la gabarit d’accessibilité). Pour les non-électriciens, les distances de sécurité sont beaucoup plus grandes.
La formule précise pour déterminer la distance est la suivante: distance = 2,5 + 0,01 x ( 20) avec un minimum de 2,5 m.
Le résultat est la distance de sécurité en mètres. est la tension nominale entre les conducteurs, exprimée en kV. Par exemple, pour une ligne à haute tension de 150 kV, cela signifie 2,5 + ((150 - 20) × 0,01 ) = 3,8 mètres.
La zone de proximité définit une marge de sécurité autour du DL (1 mètre à 150 kV, 2 mètres au-dessus de 150 kV). Pour 150 kV, cela signifie 150 centimètres + 2 mètres = 350 cm (ou 3,5 mètres).
Protection
Cependant, certains composants aident à prévenir et à éliminer les arcs électriques. Pensez aux disjoncteurs et aux parafoudres. Il est important de noter que les défauts d’arc eux-mêmes sont rarement détectés directement. Au lieu de cela, une surintensité ou une sous-tension est généralement détectée.
Il existe également des interrupteurs d’isolement qui servent à séparer les circuits et à rendre le travail aussi sûr que possible. Comme il s’agit ici principalement de travailler à haute tension, nous n’aborderons pas davantage les composants spécifiques, mais nous nous concentrerons sur les mesures de protection qui peuvent aider à minimiser les conséquences d’un arc électrique.
Si un arc électrique se produit, seule une protection appropriée peut apporter un certain soulagement. Cela comprend non seulement une protection appropriée de la tête, de la nuque, du cou et du visage, mais aussi des vêtements de travail ignifuges qui recouvrent complètement le corps.
Si elle n'est pas possible à distance, l'interruption proprement dite doit être effectuée à l'aide d'un levier de commande. Cela augmente la distance entre l'appareil de commutation et la personne qui effectue la commutation. Cela protège contre d'éventuels arcs électriques. De plus, le levier de commande est fabriqué dans un matériau électriquement isolant qui assure une très grande résistance électrique en série avec le corps humain.
De plus, un détecteur de tension sur une tige de mesure télescopique permet de détecter la présence ou l'absence de tension à une distance sûre.
Huit étapes pour travailler en toute sécurité à haute tension
- Préparez les travaux: Examinez attentivement l'installation sur laquelle vous allez travailler. Réfléchissez à la façon de séparer l'installation et aux autres mesures à prendre pour garantir la sécurité.
- Séparez l'installation électrique: L'installation électrique sur laquelle on travaille doit être séparée de toute source d'alimentation par des moyens appropriés.
- Empêchez la réactivation: Empêchez la réactivation de préférence en verrouillant le mécanisme de commande. Si le verrouillage mécanique n'est pas possible, d'autres mesures doivent être prises. Si le dispositif d'interruption nécessite une source d'alimentation auxiliaire, cette source d'alimentation doit également être mise hors service.
- Contrôlez l'absence de tension: Avec le bon équipement, vous pouvez vérifier si l'installation n'est plus sous tension. Effectuez cette opération sur tous les conducteurs actifs dans la zone de travail ou à proximité immédiate.
- Mise à la terre, décharge et court-circuit: Dans la zone de travail, vous devez mettre à la terre et court-circuiter toutes les installations haute tension et certaines installations basse tension. La mise à la terre et le court-circuit des installations basse tension à l'intérieur de la zone de travail n'est obligatoire que s'il existe un risque que l'installation soit sous tension involontaire (par exemple les installations alimentées par des sources de courant de secours).
- Délimiter et/ou protéger l'installation électrique: Y a-t-il des parties d'un système électrique sous tension à proximité de la zone de travail? Dans ce cas, vous devez les délimiter et les protéger conformément à la procédure prescrite dans le RGIE (art. 266.05.4). Les éléments d'une installation électrique tout près de la zone de travail qui sont délimités et/ou protégés conformément à la procédure prescrite dans le RGIE (art. 266.05.4)
- Débloquer l'installation électrique: Le responsable des travaux est seul habilité à autoriser le personnel exécutant à commencer les travaux.
- Remettre sous tension: Lorsque le responsable des travaux est certain que le système électrique est prêt pour une remise sous tension en toute sécurité, il informe le responsable de l'installation que les travaux sont terminés. La procédure de rétablissement de l'alimentation électrique peut alors être initiée sous la responsabilité du responsable de l'installation.
En collaboration avec Elia