Febelauto a 25 ans: des primes écologiques aux batteries HEV

Comment la Belgique est devenue pionnière en matière de recyclage des voitures hors d'usage

En janvier, Febelauto a fêté son 25e anniversaire avec un vaste stand au Salon de l'auto. L'organisation, qui s'occupe du recyclage des véhicules hors d'usage en Belgique, a tout mis en œuvre pour que les visiteurs découvrent le succès du recyclage en Belgique. La directrice Catherine Lenaerts revient sur la croissance de Febelauto et donne un aperçu des défis à venir.

Des tapis pour vaches à base de pneus 

Que peut-on faire avec le matériel automobile hors d'usage? Tous ceux qui sont allés au dernier Salon de l'Auto à Bruxelles et qui sont passés devant le stand de Febelauto savent qu'aucune idée n'est trop folle lorsqu'on veut trouver une solution de recyclage innovante pour un composant ou un matériau d'une voiture en fin de vie.

Le revêtement de sièges? Idéal pour fabriquer des portefeuilles et des pochettes, comme l'a démontré la créatrice anversoise Valentine Tinchant. Elle a également présenté ses produits dans une jupe fabriquée à partir de ceintures de sécurité. D'autres vêtements fabriqués à partir de matériaux automobiles font déjà leur apparition.

Et que dire du matériau des pneus, à partir duquel on va même jusqu'à fabriquer des tapis? Le visiteur qui devinait à quoi sert le tapis en question pouvait gagner un concours. Réponse? Pour les vaches! Les vaches reposant sur des tapis fabriqués à partir de pneus de voiture recyclés produisent plus de lait, a déclaré l'opérateur pour expliquer l'utilité de ce produit frappant. 

Parcours circulaire

"Nous voulons toujours maximiser notre visibilité au Salon de l'Auto", explique Catherine Lenaerts, directrice de Febelauto. Cette année encore plus que d'habitude. Febelauto existe depuis 25 ans et cet anniversaire ne devait pas passer inaperçu."

Outre les produits circulaires innovants, une série de zootropes ludiques et cylindriques au Palais 9 permettait aux visiteurs d'apprendre de manière interactive et visuelle les différentes étapes du processus de recyclage. Des hommes politiques et des représentants de la Commission européenne ont également emprunté un 'parcours circulaire' et se sont fait expliquer par des experts les nouveautés en matière de recyclage des véhicules.

État des lieux

Les chiffres

Ce stand frappant et festif symbolise la réussite de Febelauto. La réutilisation et le recyclage des véhicules se développent en Belgique depuis un certain temps déjà. Aujourd'hui, 97,7% du poids d'un véhicule est recyclé. Avec ce pourcentage, le secteur belge dépasse largement l'objectif européen de 95%.

"Sur ces 97,7%, 22,8% sont démontés et réutilisés sous forme de pièces détachées", précise Lenaerts. "70,7% sont recyclés pour la récupération des matières premières et 4,2% sont utilisés pour la récupération d'énergie. Ces chiffres sont vraiment bons".  

Rétrospective

Cette réussite n'était pas si évidente lorsque la directrice a pris la tête de Febelauto en 2002. "Lorsque j'ai été nommée, les gens disaient que ce serait une tâche très difficile. Il n'y avait que 12 centres de recyclage agréés (107 aujourd'hui, ndlr) où les choses ne se passaient pas bien du tout, alors que les pourcentages de recyclage devaient augmenter considérablement pour atteindre les objectifs", se souvient Lenaerts.

"Je me suis demandé comment nous allions pouvoir les atteindre. Une étape importante a consisté à amener les entreprises de broyage et les usines de post-broyage à coopérer de manière intelligente. Non pas en les opposant mais plutôt en les encourageant à améliorer leurs taux de recyclage d'année en année. Les entreprises pouvaient montrer aux importateurs: "Regardez, j'ai un rapport de Febelauto disant, par exemple, que j'atteins un taux de recyclage de 95%". Cela leur conférait une position forte", poursuit Lenaerts.

Primes écologiques et lois environnementales

"Au début, nous avons également pu bénéficier des primes écologiques offertes par les fabricants et les importateurs. Les consommateurs n'achetaient pas seulement une nouvelle voiture, ils étaient également encouragés à échanger leur ancienne voiture."

Aujourd'hui, 97,7% du poids d'un véhicule est recyclé

"Aujourd'hui, les primes écologiques ont largement disparu, mais nous avons récemment vu certaines marques comme Dacia, Ford et Opel les réintroduire malgré tout. Lors de l'achat d'une nouvelle voiture, le client obtient un prix de reprise intéressant pour son ancien véhicule. Par conséquent, nous constatons une légère augmentation du nombre de véhicules hors d'usage", explique la directrice.

En outre, la législation (environnementale) a été d'une aide précieuse au cours des dernières décennies. Elle a ancré dans la législation l'importance du recyclage des véhicules. La directive sur les véhicules hors d'usage a notamment eu un impact majeur sur le secteur au tournant du siècle en Europe, et a contribué à la nécessité de créer Febelauto en Belgique: une organisation faîtière chargée d'orienter le recyclage des véhicules dans la bonne direction.

Un système transparent et respectueux de l'environnement

La directive devant encore être transposée au niveau national, la Belgique a dû faire face à trois réglementations régionales différentes, que Lenaerts et ses collègues se sont efforcés d'harmoniser au maximum. Entre-temps, Febelauto a déjà conclu 15 accords de politique environnementale avec les gouvernements régionaux. Ces accords déterminent la manière dont les objectifs environnementaux européens et nationaux doivent être atteints.

Lenaerts: "La numérisation de l'enregistrement des déchets ou les nouvelles règles étendues en matière de dépollution... au fil des ans, de nombreuses lois et réglementations ont été ajoutées, qui se sont heurtées ici et là à une certaine résistance. Les entreprises ont dû investir considérablement pour rester dans la course, comme par exemple l'obligation d'utiliser des supports étanches."

"Ce qui semble évident aujourd'hui était autrefois révolutionnaire. Mais en fin de compte, tout cela a contribué à un système beaucoup plus transparent et respectueux de l'environnement. Aujourd'hui, nous avons une visibilité sur chaque flux de déchets. Nous savons exactement ce qui va où. À juste titre, car nous pouvons ainsi mieux protéger l'environnement et empêcher l'huile de s'infiltrer dans le sol."

Changements

Lenaerts observe que la durée de vie moyenne des voitures s'est allongée, ce qui constitue une grande différence par rapport aux débuts. Elle est passée de 12 à près de 19 ans. C'est dû à l'amélioration de la qualité des voitures et à l'arrivée d'une solution au problème de la rouille, qui affectait de nombreuses voitures. En outre, pendant la période du Covid, de nombreuses voitures étaient immobilisées en raison de fermetures d'usines. Les problèmes de la chaîne d'approvisionnement et les pénuries de semi-conducteurs ont également entraîné des temps d'attente extrêmement longs pour les voitures neuves ces dernières années, ce qui a obligé les 'vieilles' voitures à durer plus longtemps.

Transition vers les batteries

Après le recyclage des véhicules, c'est tout naturellement que les importateurs ont demandé à Febelauto de s'occuper également du recyclage des batteries HEV des véhicules électriques, lorsqu'elles sont arrivées sur le marché. "Cela a également été un point de bascule pour moi personnellement", explique  Lenaerts. "Après 14 ans, je me demandais si je n'étais pas prête à relever un nouveau défi. Mais lorsque les batteries sont apparues, j'ai trouvé que c'était une aventure passionnante. Les batteries à haute tension ont apporté une dynamique complètement différente".

Febelauto s'est à nouveau concerté avec les régions. Ensemble, les parties ont élaboré des normes pour le traitement des batteries. On a également créé des centres agréés+, entièrement équipés pour traiter le recyclage des VE.

Recyclage et réemploi 

Actuellement, 6 des 107 sites sont des centres agréés+. Le fait que ce nombre soit encore relativement limité s'explique principalement par le fait que l'afflux de véhicules électriques hors d'usage est lui aussi encore limité. Bien entendu, cela va changer. Plusieurs entreprises sont déjà dans les starting-blocks pour devenir des centres agréés+, mais attendent que l'arrivage de batteries augmente.

Ces centres doivent être en mesure d'organiser un stockage sûr des batteries. En outre, le personnel doit avoir reçu une formation adéquate. En Belgique, cette formation est dispensée par le centre de formation Educam, où un certificat HEV1 ou HEV2 peut être obtenu.

Outre le recyclage, le réemploi des batteries a également pris de l'ampleur ces dernières années. Febelauto collabore notamment avec Watt4ever à cet effet. Les batteries de VE mises au rebut ont ainsi une seconde vie en tant que systèmes de stockage d'énergie circulaire, par exemple dans le domaine de l'énergie solaire.

La Belgique fait figure de leader
En 2023, Febelauto a collecté 5.714 batteries HV en Belgique. 85% des batteries collectées ont été traitées (réemploi, refabrication, reconditionnement ou recyclage), les 15% restants ont été stockés temporairement. Environ 50% des batteries HV ont été réutilisées, les 50% restants ont été recyclés pour la récupération des matières premières. Avec ces chiffres, la Belgique se place également parmi les premiers pays européens en termes de VE.

"Nous sommes très fiers de notre rôle de pionnier", déclare Lenaerts, qui explique le succès de la Belgique par la combinaison d'un secteur de broyage innovant et d'un gouvernement favorable au recyclage. "L'utilisation de batteries circulaires permet de réduire de 80% les émissions de CO2 par rapport à l'achat de nouvelles batteries. Nos batteries circulaires utilisent des modules recyclés, ce qui élimine la nécessité d'une nouvelle exploitation minière - un gain énorme pour l'environnement."

Défis

Augmentation des volumes et batteries LFP

Tout va donc bien, mais la transition vers le recyclage électrique n'est pas encore achevée. En fait, le marché doit encore se détacher. Les entreprises peuvent-elles déjà faire face à un afflux plus important? "Pour cela, elles ont besoin de volumes plus importants de VE hors d'usage afin de faire fonctionner plus efficacement les grosses machines et les processus industriels", explique Lenaerts. Un autre défi majeur, selon elle, est d'éviter la surproduction de batteries. "Il est essentiel de ne pas surproduire, mais plutôt d'utiliser efficacement les ressources dont nous disposons".

Des améliorations sont également possibles sur le plan technologique. Par exemple, il existe encore peu de technologies pour recycler les batteries LFP (lithium fer phosphate). Cela s'explique par le fait que la valeur de ces batteries est relativement faible. Jusqu'à présent, les entreprises se sont surtout concentrées sur le recyclage des batteries contenant  des matériaux plus précieux, comme le cobalt et le nickel. Toutefois, les batteries LFP sont relativement stables et présentent donc un potentiel important dans le domaine du stockage de l'énergie.

Réglementation relative aux batteries

Le plus grand défi pour l'industrie est la mise en œuvre du règlement européen sur les batteries. "Cela changera la donne", affirme Lenaerts. Les futures batteries devront être fabriquées en partie à partir de matériaux recyclés, tels que le lithium, le cobalt ou le manganèse.

Les entreprises ont besoin de volumes plus importants de VE hors d'usage pour faire fonctionner plus efficacement les grosses machines et les processus industriels

L'objectif est de produire des batteries de même qualité que si elles étaient fabriquées à partir de matières premières vierges. Chaque batterie sera dotée d'une sorte de 'passeport' qui permettra de savoir exactement où elle se trouve à n'importe quel moment de son cycle de vie. En outre, la nouvelle réglementation sur les véhicules en fin de vie est également imminente.

Véhicules asiatiques

"En outre, cette année, je veux regarder au-delà des frontières de l'Europe", déclare Lenaerts. "Nous savons que les véhicules électriques proviennent souvent d'Asie. C'est pourquoi nous nous rendons pour la première fois cette année à une grande conférence à Shanghai. L'une des préoccupations est que certains fabricants asiatiques produisent des batteries dont les cellules sont assemblées d'une manière qui enfreint les réglementations européennes. Nous devons examiner ça correctement".

Febelauto a donc encore beaucoup de pain sur la planche, estime la directrice. "Nous sommes confrontés à une période passionnante et pleine de défis. J'ai l'ambition de continuer à contribuer à ces développements et j'ai hâte de continuer à façonner notre organisation et notre secteur."