"Le fait que nos collaborateurs puissent devenir actionnaires renforce leur engagement"

Reynders fait participer ses employés 

En 2022, l'entreprise Reynders, basée à Houthalen, a participé aux Trophées Menuiserie, avec succès puisque cette entreprise limbourgeoise, qui fait partie du groupe Eiffage depuis les années 80, a réussi à décrocher la médaille d'argent dans la catégorie 'Intérieur total' grâce à un projet impressionnant, à savoir la salle du conseil de la Ville de Bruxelles.

Cette médaille d'honneur est la raison première de cet article, mais pas la seule. En effet, Frank Gerardi (administrateur délégué) et Bert Neyens (coordinateur d'atelier) ont mis en lumière bien d'autres sujets, notamment les défis qui attendent le secteur de la construction en général et celui de la menuiserie en particulier.

Reynders est une entreprise générale de construction qui travaille comme entrepreneur général pour des projets structurels, tant résidentiels que non résidentiels. Elle dispose également d'un département qui réalise des projets d'intérieur complets. "Ce département nous permet de parachever complètement un bâtiment en gros œuvre", explique l'administrateur délégué Frank Gerardi.

"L'accent est mis principalement sur les projets d'intérieur qui comprennent un ensemble de boiseries important. C'est en effet le cœur de métier de notre atelier et c'est avec cela que nous voulons nous profiler. En tant que sous-traitant, nous réalisons également des projets d'ameublement, principalement des projets plus importants, où nous produisons le mobilier fixe pour un entrepreneur général."

Exclusivement b2b

Reynders travaille exclusivement en b2b. "Lorsque nous travaillons en sous-traitance, c'est principalement pour quelques grands entrepreneurs qui savent ce que nous pouvons leur apporter. Nous entretenons également des contacts intensifs avec des bureaux d'architecture et de coordination. Souvent, ils se voient confier des projets par des clients finaux et ils commencent à chercher des entreprises capables de les réaliser en tout ou en partie."

"Sur base du projet qu'ils ont conçu, nous soumettons des offres. Cela s'applique principalement aux projets d'intérieur. En ce qui concerne les projets de construction, nous réalisons environ la moitié de notre chiffre d'affaires dans le cadre de contrats publics. Nous réalisons également des projets privés, principalement résidentiels, qui comprennent souvent des immeubles d'appartements pour des promoteurs immobiliers. Nous réalisons 2/3 de notre chiffre d'affaires dans la construction et le reste dans les projets d'intérieur."

L'avantage du groupe

L'entreprise Reynders a été fondée en 1909 et était initialement active dans la construction de routes. "Les choses ont évolué assez rapidement vers la construction pure", explique Frank Gerardi.

"La menuiserie a été ajoutée dans les années 60 et est devenue une branche distincte de notre entreprise, avec plusieurs sites. Dans les années 80, l'entreprise familiale Reynders a été reprise par le groupe français Eiffage, qui a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 20 milliards d'euros l'année dernière."

"Si l'on devait suivre soi-même toutes les nouvelles tendances
en tant qu'entreprise indépendante, cela demanderait
beaucoup plus d'énergie"

"La construction est l'une des disciplines dans lesquelles le groupe est actif. Nous faisons partie de la région du Benelux qui comprend une douzaine d'entreprises. La région dans laquelle nous opérons est le Limbourg, le Brabant flamand et une partie d'Anvers. Pour les projets d'ameublement, nous allons dans tout le pays et jusqu'au Luxembourg. Faire partie du groupe Eiffage offre de nombreux avantages. En tant qu'entreprise, vous êtes beaucoup plus solide financièrement, ce qui signifie que vous pouvez déjà faire face à des revers."

Actionnariat

"En outre, le secteur de la construction évolue très rapidement vers la durabilité et la circularité, deux concepts très présents au sein de notre groupe. Nous sommes aspirés par les nouveaux développements dans ce domaine. Si l'on devait suivre soi-même toutes les nouvelles tendances en tant qu'entreprise indépendante, cela demanderait beaucoup plus d'énergie."

"En outre, nous jouissons d'une grande liberté dans nos activités. Ce sentiment d'appartenance à un groupe est également important pour les employés. Le département des ressources humaines est très attentif aux nouveaux développements, comme le télétravail par exemple. Nous disposons également d'une assurance groupe et d'un plan de cafétéria.'

"Enfin, les employés, qu'ils soient ouvriers ou employés, peuvent également devenir actionnaires de notre groupe coté en bourse. En effet, des actions sont ouvertes chaque année et 76% des 75 employés de Reynders en achètent. Il va sans dire que cela accroît considérablement l'engagement et la fidélité à notre entreprise. Bref, rien que des avantages et donc une sécurité supplémentaire."

Remplacer le personnel devient un défi

Le haut niveau d'engagement du personnel en place est une chose, attirer de nouveaux collaborateurs en est une autre. Comme beaucoup d'entreprises, Reynders est constamment à la recherche de nouveaux collaborateurs.

"Nous recherchons aussi bien des ouvriers que des employés", explique Bert Neyens, coordinateur de l'atelier. "C'est pourquoi, ces dernières années, nous nous efforçons de plus en plus de collaborer avec les écoles. Heureusement, la menuiserie est encore enseignée dans les écoles techniques. C'est beaucoup moins le cas pour les métiers de la construction. En effet, de nombreuses écoles ont abandonné ces cours par manque d'élèves."

"Bien entendu, nous essayons de choyer nos travailleurs autant que possible et nous organisons régulièrement des événements qui devraient renforcer la cohésion. En outre, nous avons également un plan cafétéria, qui permet à nos travailleurs de bénéficier de certaines facilités en échange d'une partie de leur salaire, notamment des vacances supplémentaires, la location d'un vélo, l'achat d'un téléphone portable, etc."

"En bref, nous essayons de jouer de tous nos atouts pour attirer les gens et les garder. Pour l'instant, nous ne devons pas encore refuser des projets par manque de personnel, mais c'est en passe de se produire. Dans notre secteur, nous dépendons beaucoup des hommes et de leurs compétences. Nous avons actuellement des professionnels uniques mais ils prendront bientôt leur leur retraite. Ma grande crainte est que nous ayons beaucoup de mal à les remplacer. C'est un réel danger."

Des matières premières coûteuses

Un autre danger qui guette le secteur de la construction est la pénurie de matériaux et les hausses de prix qui en découlent. "Heureusement, les prix se sont quelque peu stabilisés ces derniers temps", explique Bert Neyens. "Mais je ne pense pas que nous reviendrons un jour aux niveaux de prix d'avant la crise. C'est donc un défi particulier pour nous de rester compétitifs par rapport aux entreprises étrangères, qui peuvent souvent acheter les matières premières moins cher que nous."

"Un exemple: une voiture au Portugal coûte beaucoup moins cher que la même voiture en Belgique, tout simplement parce que le niveau de vie y est plus bas et que les fabricants adaptent leurs prix en conséquence. Il en va de même pour l'achat de matières premières. Si une entreprise portugaise achète des matières premières là-bas, mais vient ici pour installer des meubles, elle peut le faire à des prix beaucoup moins élevés que nous."

Le travail flexible crée du chiffre d'affaires

Comme toute entreprise qui se respecte, Reynders se tourne également vers l'avenir. Il en ressort que le secteur de la menuiserie est plus porteur que celui du gros œuvre en général. "Nous constatons que les demandes de prix pour des projets d'intérieur ne cessent d'affluer. Il n'y a donc pas de problème dans ce domaine", déclare Frank Gerardi.

"En effet, une autre façon de travailler est apparue après le corona, avec beaucoup plus de télétravail et de travail flexible. Cela implique une adaptation de l'espace de bureau, pour laquelle nous pouvons être sollicités. En ce qui concerne le secteur de la construction, nous constatons une diminution des appels d'offres publics."

"Une autre façon de travailler est apparue après le corona, avec beaucoup plus de télétravail et de travail flexible.
Cela implique une adaptation de l'espace de bureau,
pour laquelle nous pouvons être sollicités"

"En ce qui concerne les projets résidentiels, j'ai l'impression que nous sommes tous un peu dans l'expectative. Les prix de la construction ont fortement augmenté, alors que le promoteur doit vendre ses appartements. Mais le prix de ces appartements n'a pas augmenté proportionnellement au coût de la construction. Les choses sont donc un peu plus calmes. Il y a moins de développements de projet."

Médaille d'argent

L'élément déclencheur de cet entretien a été le fait que Reynders décroche la médaille d'argent dans la catégorie 'Intérieur total' lors des derniers Trophées Menuiserie. "Chaque année, nous réalisons plusieurs projets qui intègrent des menuiseries de haute qualité", explique Bert Neyens. "C'était également le cas dans le projet présenté. C'est pourquoi nous avons décidé de participer."

Brucity

À Brucity, le nouveau centre administratif de la Ville de Bruxelles, le hall d'entrée et la salle du conseil ont été réalisés par Reynders, en tant que sous-traitant de CIT Blaton Interbuild, qui a agi en tant qu'entrepreneur principal. Le projet se caractérise par une conception intelligente et réfléchie, un souci du détail et des finitions techniques solides.

En entrant dans la salle du conseil, on franchit deux imposantes portes d'entrée pivotantes de 4 x 1,7 m, entièrement fabriquées à la main. Elles donnent accès à la salle du conseil et au hall d'entrée, deux espaces qui peuvent être caractérisés comme des lieux d'une uniformité de conception exceptionnelle. Le mobilier, y compris la table du conseil en placage, a été esthétiquement assorti au parquet recouvert d'une huile ignifuge afin de créer un ensemble visuel uniforme.

Chaque meuble intègre une technologie: chauffage, ventilation et climatisation ou électronique. Une maquette de la table du conseil a même été fabriquée et testée pour l'étanchéité à l'air dans un laboratoire en Allemagne. Cependant, le plus grand défi de ce projet était d'ordre logistique. En effet, la salle du conseil est située au 8^e étage au cœur de Bruxelles, ce qui a nécessité l'utilisation d'une grue mobile.

"Pour coordonner cet ensemble complexe de menuiserie et de logistique, nous avons dû faire appel à toute l'expérience de notre entreprise", explique Bert Neyens. "Et comme nous sommes convaincus que l'expertise que nous pouvons présenter est finalement assez unique, nous avons pensé que nous étions susceptibles de remporter un prix. Nous avons entretenu des contacts étroits avec l'architecte de la ville de Bruxelles. Tout s'est très bien passé. La coopération avec CIT Blaton s'est également déroulée sans problème. Si bien qu'avec eux, nous avons également décroché une mission pour la Commission européenne."