"Je remercie mes parents de m'avoir transmis l'esprit d'entreprise"
en visite chez l'artiste peintre Isabelle Heyse
Isabelle Heyse est indépendante dans le secteur de la décoration depuis trois ans mais peut déjà se prévaloir de 15 ans d'expérience. Ses spécialités sont les conseils en matière de couleurs, les techniques spéciales et la création de contrastes. Cette combinaison lui a permis de remporter le tout premier prix "Meilleure Femme Artisane" lors des Trophées Décoration 2023 en décembre dernier.
Devenue peintre grâce à un ami
Isabelle est née dans une famille d'horticulteurs. Elle reste auprès d'eux jusqu'à ses 24 ans, cumulant environ trois métiers. Jusqu'à ce qu'un ami lui demande si elle voulait étudier la peinture avec lui. Isabelle a répondu avec le cœur, et le reste appartient à l'histoire.
"J'ai toujours été créative. Enfant, je dessinais beaucoup et je regardais mon oncle architecte dessiner des plans par-dessus son épaule. Alors quand la question s'est posée de savoir si je voulais intégrer la formation, je n'ai pas hésité. Je me suis donnée à fond et j'étais très motivée", raconte Isabelle. Tellement motivée que le professeur lui a proposé de suivre une formation sur les techniques spéciales chez Boss paints.
"J'étais très honorée, car ce genre de formation coûte normalement vraiment cher. Je voulais vraiment maîtriser aussi les techniques décoratives, car en tant que peintre, cela apporte souvent un plus. J'ai donc accepté très rapidement".
sans transition entre école et travail
Ensuite, tout s'est enchaîné. "Pendant cette formation, je suis entrée en contact avec un représentant de la Flandre orientale. Il m'a parlé d'un bon employeur où je pourrais commencer à travailler immédiatement. J'ai hésité un bref instant, car je devais encore terminer un module de la formation que je suivais à l'école. Finalement, je me suis présentée à un entretien et, dès la semaine suivante, j'ai été autorisée à commencer à travailler chez eux", raconte-t-elle.
Après une dizaine d'années de travail, Isabelle a décidé de se mettre à son compte, en pleine période de Covid. "Le patron et mes collègues m'ont dit que j'étais folle. À une époque où tout était incertain, je me mettais à mon compte. De plus, j'avais de bonnes relations avec mes collègues, ce qui a rendu la décision encore plus difficile à prendre. Finalement, j'ai suivi mon cœur et j'ai pris le risque, et je ne le regrette pas aujourd'hui", avoue-t-elle.
Plus que de la peinture
Outre les travaux de peinture habituels, pour lesquels elle donne régulièrement des conseils en matière de couleurs, les clients peuvent également s'adresser à Isabelle pour toutes sortes d'autres choses. Par exemple, elle peut également prendre en charge des travaux impliquant des techniques spéciales et décoratives. "Les techniques spéciales impliquent alors des techniques à la craie. Par ailleurs, le Mortex est très en vogue actuellement. Personnellement, je n'ai jamais travaillé avec ce matériau. Je travaille plutôt avec l'Aqua Sensa des peintures Boss."
Par ailleurs, la pose de papier peint n'a pas non plus de secret pour Isabelle. "En concertation avec le client, je choisis un joli papier peint de contraste pour une chambre d'enfant, par exemple."
Enfin, pendant les mois d'été, Isabelle peut également donner libre cours à sa créativité. Elle travaille alors à la chaux et peint des façades, des fenêtres et des portes de garage. "Cela nous rend beaucoup plus dépendants de la météo. Il faut déterminer à l'avance quels travaux peuvent être réalisés en tenant compte de la météo. L'alternance entre le travail à l'intérieur et à l'extérieur rend souvent mon travail encore plus satisfaisant."
C'est encore plus agréable quand je reçois des compliments après avoir travaillé sur un chantier entourée d'hommes
Une femme dans un monde d'hommes
Ce n'est un secret pour personne: Isabelle évolue dans un monde d'hommes. "Souvent, les gens ne s'attendent pas à ce qu'une femme vienne peindre. Je le remarque par exemple lorsque j'arrive sur un chantier où travaillent d'autres ouvriers. Ils leur faut juste un peu de temps pour se faire à l'idée que le peintre est une femme. Mais par la suite, ils ne manquent pas de me complimenter sur mon travail, ce qui me fait doublement plaisir."
"Si je dois effectuer des travaux de peinture dans une maison et qu'il y a une femme dans le couple, je remarque qu'elle est souvent heureuse de me voir. Il y a souvent un déclic immédiat parce qu'elle est contente que, pour une fois, ce soit une femme qui peigne et non un homme. Ces femmes se sentent généralement beaucoup mieux à ce sujet", déclare Isabelle avec fierté.
Lorsque le représentant de la Flandre orientale l'a présentée à un employeur, il a tout mis en œuvre pour qu'elle soit embauchée. "Dans ce monde, je suis en concurrence avec des hommes. Le représentant a fait savoir à l'employeur que j'étais une femme et il a d'abord été choqué. Par la suite, le représentant a dit que j'étais la meilleure de la classe et que je faisais le meilleur travail, si bien que j'ai été autorisée à postuler à un emploi."
club de professionnels
Si les parents d'Isabelle sont horticulteurs, son frère Anthony a lui aussi choisi le secteur de la construction. "Nous avons grandi dans une famille d'indépendants, où il fallait travailler dur pour gagner de l'argent. Mon frère et moi savions donc dans quoi nous nous engagions et je remercie chaque jour mes parents de m'avoir appris ça."
Avec sa propre entreprise de menuiserie, il s'est spécialisé dans la construction d'armoires encastrées et de cuisines sur mesure. Cela permet au frère et à la sœur de travailler souvent ensemble. "Grâce à ses connaissances en matière de personnalisation et à mon expertise en matière de peinture, il nous arrive de réaliser ensemble des projets globaux", ajoute Isabelle.
En outre, Isabelle et son frère peuvent compter sur un 'club' de professionnels. "Nous avons un groupe d'amis qui comprend également un parqueteur, Tonny de Groote, et un plâtrier, Joachim Dhondt. Nous nous donnons souvent les noms des uns et des autres à des clients et nous nous donnons ainsi du travail. Je suis donc souvent la dernière à arriver sur ces chantiers, mais comme je connais ceux qui sont passés avant moi, je peux compter sur un travail bien fait. Cela me permet également de reprendre le travail plus facilement."
Trop occupée pour suivre une formation complémentaire
Depuis plusieurs années, Isabelle est totalement indépendante. En choisissant de faire de la peinture son activité principale, Isabelle espérait avoir plus de temps pour suivre une formation complémentaire, mais la réalité l'a rattrapée. "Lorsque j'exerçais encore cette activité à titre secondaire, il m'arrivait de travailler le dimanche, ce qui n'est plus le cas. Mais je continue à recevoir beaucoup de demandes. Je n'ai donc pas le temps de faire de la formation continue."
Ces cours de remise à niveau, Isabelle aimerait ensuite les faire sur les techniques spéciales, entre autres, car elles continuent d'évoluer. "En outre, j'aimerais suivre une formation complémentaire en décoration d'intérieur et en projets globaux, ce qui me permettrait de donner des conseils encore plus avisés en matière de couleurs. Les clients me demandent souvent plus que ce que je peux leur offrir, par exemple des conseils sur les rideaux. Je ne peux guère les aider dans ce domaine, mais j'aimerais pouvoir le faire."
Meilleure artisane
La combinaison de différentes compétences avec la ponctualité et la précision a permis à Isabelle de remporter le tout premier prix de la meilleure artisane. Ce prix a été décerné lors de la dernière édition des Trophées Décoration. "Un jour, j'ai reçu un appel me disant que j'étais nominée pour ce prix. Je ne m'y attendais pas du tout et j'ai donc commencé ma petite enquête. Entre-temps, j'ai appris qu'une collègue peintre m'avait nominée. Par la suite, il s'est avéré qu'elle avait également été nominée, mais c'est moi qui ai remporté le prix. J'étais très heureuse et à la fois déçue pour elle", avoue cette professionnelle.
La satisfaction du client comme priorité
Isabelle pense devoir cette victoire à son perfectionnisme, sa ponctualité et sa précision. "Quand j'ai un rendez-vous, je suis là à l'heure dite. Si je suis en retard quelque part, ça me contrarie beaucoup."
En outre, Isabelle s'assure toujours que les clients peuvent encore vivre dans l'espace qu'elle vient de peindre. "J'arrive parfois sur des chantiers où tout est en désordre. Je cherche vraiment à éviter cela. Si je peins une cuisine, à la fin de la journée, je fais en sorte que les clients puissent y cuisiner. Cela se transmet rapidement et le bouche-à-oreille reste la meilleure publicité."
conseils aux futures candidates
Aux femmes peintres qui souhaitent avoir une chance de remporter le prix du "Meilleur artisan" à l'avenir, Isabelle donne un conseil en or: restez vous-même et ne baissez jamais les bras. "En tant que femme dans la construction, je sais ce que c'est. Je sais aussi à quel point il est difficile d'exercer la profession en tant que femme. J'ai beaucoup de collègues femmes qui ressentent physiquement les effets de la profession après quelques années. Tant que ça marche, il faut continuer à aller de l'avant."