LE SECTEUR DE LA PEINTURE BÉNÉFICIE PLUS QUE JAMAIS D'UNE FÉDÉRATION FORTE
Le législateur continue à chipoter à votre pot de peinture préféré et met le secteur sous pression
En temps de crise, Hugo Myncke, directeur de Toupret, a réussi à réinventer la fédération IVP Coatings et à la remettre sur la carte en tant qu'interlocuteur pour l'industrie de la peinture. Après une présidence mouvementée mais réussie, il passe maintenant le flambeau à Lieven Seys, senior marketing manager chez Sigma Coatings. "La flambée des prix des matières premières, la pénurie pressante de personnel et la législation environnementale de plus en plus stricte resteront des priorités au cours des trois prochaines années."
Animé par la passion de la peinture
Le 17 mai 2022, Hugo Myncke a officiellement transmis le flambeau de la présidence d'IVP Coatings à Lieven Seys, qui a été vice-président au cours des trois dernières années et a donc travaillé en étroite collaboration avec lui. Le fait que ces deux messieurs partagent une grande passion pour la peinture n'a pas tardé à apparaître clairement lorsqu'ils se sont chamaillés, en riant, pour savoir qui s'y connaissait le plus dans le monde de la peinture. Hugo Myncke a grandi dans la peinture. Son grand-père et son père étaient peintres, et il a lui-même tenu un magasin de peinture jusqu'à la fin des années 90.
Lieven Seys travaille avec la peinture jour et nuit. En journée, il est responsable du marketing pour Sigma Coatings et pendant son temps libre, il est peintre. Il a commencé chez Levis comme stagiaire en 1991, avant d'être recruté par AkzoNobel en 1193. En 1999, il a rejoint Sigma Coatings. "Je suis très heureux de m'être retrouvé dans la peinture", déclare Lieven Seys. "Je pense que la peinture est le plus beau produit du monde. Tous les objets qui ont une couleur sont peints. Votre blouse, votre ordinateur portable, vos lunettes, la voiture que vous conduisez, bref l'espace où vous vivez et travaillez. Nous mettons de la couleur dans le monde!"
IVP 2.0
"De plus, l'industrie du revêtement en Belgique est l'une des meilleures au monde", déclare Hugo Myncke. "Mais en même temps, elle est soumise à de nombreux facteurs externes qui ne sont pas toujours de notre ressort. C'est pourquoi une fédération forte est très importante." IVP Coatings ne rassemble pas seulement les grands noms comme BASF, Akzo Nobel, PPG, Rust-Oleum et BOSS paints, cette fédération compte aussi de nombreuses PME parmi ses membres. Lorsque Hugo Myncke a été nommé président en 2020, après trois ans de vice-présidence, son principal objectif était clair dès le premier jour: "Restaurer la confiance de nos membres dans la fédération."
Aujourd'hui, Hugo Myncke parle donc d'IVP 2.0. "Avec l'approbation unanime du conseil d'administration, on a nommé une nouvelle direction avec Nele Plas comme directeur. En collaboration avec notre nouvelle responsable de la communication, Isabelle Descamps, cette direction apporte un vent de fraîcheur à IVP Coatings. Une nouvelle mission et une nouvelle vision ont été élaborées et, qu'on se le dise, la fédération est de nouveau sur la carte. La communication avec nos membres et les décideurs politiques est à nouveau fluide et nous sommes en mesure de répondre rapidement aux défis auxquels notre secteur est confronté aujourd'hui.
"Gouvernement belge, arrêtez d'essayer d'être le meilleur élève de la classe"
une Législation qui met la corde au cou
"Les défis ont toujours été là", déclare Lieven Seys. "Heureusement, nous disposons de toutes les connaissances de notre secteur pour y faire face. C'est pourquoi un réseau tel que celui d'IVP Coatings est si important. Il nous permet de collaborer en allant au-delà des branches. Les fabricants de peinture déco peuvent apprendre de l'industrie, de la retouche automobile ou de la branche de la peinture maritime, ou vice versa. Par exemple, la branche peinture industrielle est plus en avance dans le domaine de la production circulaire en limitant le flux de déchets." Et c'est précisément ce passage à une économie circulaire qui constitue un pilier essentiel du 'Green Deal européen grâce auquel l'Europe veut minimiser les émissions de CO2 et viser une société climatiquement neutre, ce qui a par conséquent un impact direct sur la production de peinture. "Dans certains textes juridiques européens, il est même question que la peinture soit un produit circulaire", indique Hugo Myncke. "Cela signifie qu'il devrait être possible de la récupérer après avoir peint un mur puis de l'amener à un point de traitement où elle sera retransformée en matières premières." Pour l'instant, les choses ne vont pas si vite, mais le Green Deal européen impose déjà beaucoup de restrictions.
L'Europe a fixé 2050 comme date limite pour atteindre les objectifs climatiques formulés, mais la Belgique veut atteindre ces objectifs en 2030. "Et cela met une pression incroyable sur les fabricants de peinture", déclare Hugo Myncke. "C'est une législation qui nous étrangle. La reformulation constante, en particulier, tue les fabricants à petit feu. Vu que certains ingrédients de peinture sont interdits ou limités, comme le dioxyde de titane, les microplastiques ou certains biocides, les fabricants doivent repenser leurs formules de peinture, les retester, réétiqueter les emballages, etc. Et au rythme actuel du législateur, il faut reformuler tous les six à neuf mois."
Ne vous méprenez pas, je suis absolument en faveur du Green Deal, mais donnez à notre industrie plus de temps pour trouver des solutions. C'est pourquoi je m'adresse au gouvernement belge: arrêtez d'essayer d'être le meilleur élève de la classe. Il est bon que le législateur mette la pression sur l'industrie, car cela débouche sur des solutions innovantes et originales", poursuit Hugo Myncke. "Mais aujourd'hui, la pression est tellement forte que les petits acteurs familiaux, que nous représentons également en tant que fédération, souffrent énormément. C'est à nous de faire en sorte qu'ils ne soient pas écrasés par le législateur ou engloutis par les grands acteurs. Car si les petits fabricants disparaissent, leur département de recherche disparaîtra également et l'on pourrait perdre la base de nouveaux produits de peinture innovants!
Les prix des matières premières resteront élevés
Un autre point important de l'agenda d'IVP Coatings reste la question des matières premières. Ça a commencé pendant les confinements. La demande de peinture a augmenté et les fabricants de peinture ont eu besoin de plus de matières premières que prévu. Comme la demande augmentait, les prix ont augmenté. A cela est venu s'ajouter un cocktail de coïncidences qui a encore sapé davantage l'approvisionnement en matières premières: un blocage malencontreux du canal de Suez, des incendies dans deux grandes usines de matières premières en Allemagne et au Texas, et une explosion de la demande de matières premières en provenance d'Asie.
"Ces pénuries de matières premières n'ont heureusement eu que peu d'impact sur les stocks de peinture destinés aux peintres en bâtiment", indique Hugo Myncke. "Plusieurs producteurs ont décidé d'arrêter la fabrication d'autres groupes de produits et de mettre ces matières premières à la disposition de la production de peintures traditionnelles. Malheureusement, cela n'enlève rien au fait que les prix des peintures ont sensiblement augmenté." "Et il semble qu'il n'y aura pas de retournement de situation dans les années à venir, car non seulement les prix des matières premières sont élevés, mais les coûts de l'énergie et de la main-d'œuvre s'envolent également", explique Lieven Seys.
"Nous aurons beau rendre la peinture plus durable, si le peintre fait Bruxelles-Louvain dans une camionnette diesel pour se rendre sur un chantier, il y aura toujours des émissions de CO2. Il n'y a pas d'échappatoire, tout va devenir électrique"
Des efforts sont également requis de la part du peintre
Toutes ces augmentations de prix grignotent évidemment les marges des fabricants de peinture, qui sont pourtant obligés par la législation environnementale stricte d'investir dans de nouvelles formules de peinture, de nouveaux emballages, des options de transport alternatives, des méthodes de production circulaires, etc.", poursuit Lieven Seys. "C'est pourquoi il est si important que le gouvernement nous considère comme un partenaire et comprenne que notre secteur fait partie de la solution et non du problème." Le nouveau président insiste également sur le fait que le peintre et le consommateur devront embrayer sur le durable. "Nous aurons beau rendre la peinture plus durable, si le peintre fait Bruxelles-Louvain dans une camionnette diesel pour se rendre sur un chantier, il y aura toujours des émissions de CO2. Il n'y a pas d'échappatoire, tout va devenir électrique. Des camionnettes utilisées par les peintres aux nacelles élévatrices et aux déshumidificateurs. Les émissions de CO2 de l'ensemble de la chaîne de peinture doivent diminuer dans les années à venir."
L'âge moyen d'un peintre est de 52 ans. D'ici 10 ans, 25% des peintres auront disparu. Et il n'y a (quasiment) pas de nouveaux peintres qui arrivent sur le marché
La robotique et les drones comme solution partielle à la pénurie de personnel
Cependant, il est également important pour les fabricants de peinture que la profession de peintre attire du sang neuf, car moins de peintres signifie moins de litres de peinture vendus. "La Belgique est confrontée à un problème démographique", déclare Lieven Seys. "L'âge moyen d'un peintre est de 52 ans. D'ici 10 ans, 25% des peintres auront disparu. Et il n'y a (quasiment) pas de nouveaux peintres qui arrivent sur le marché." "C'est dû à la mauvaise image de l'enseignement de la peinture", ajoute Hugo Myncke. "Les parents considèrent cette formation comme la dernière chance de garder leurs enfants à l'école. J'en ai fait l'expérience par moi-même lorsque j'enseignais en cinquième et sixième année de l'enseignement professionnel pour les peintres. Beaucoup d'élèves n'ont pas l'intention de devenir peintres, ils veulent juste finir le secondaire. Dans l'éducation des adultes, en revanche, la motivation est beaucoup plus forte. C'est là-dessus que nous devons miser, je pense. Lieven Seys estime que des systèmes d'application plus efficaces pourraient être la solution à la pénurie de personnel. "La robotique peut certainement apporter une réponse. Sachant que des robots d'assistance sont utilisés dans le monde médical pour des opérations de la prostate, par exemple, qui nécessitent une précision au millimètre près, et que l'hôpital OLV d'Alost effectue désormais 400 opérations par an au lieu de 30 auparavant, il est tout à fait possible d'utiliser des robots pour peindre un mur. En outre, des éléments comme les robots ou les drones, qui sont déjà utilisés, par exemple, pour les mesures et les inspections de chantier, rendent la profession de peintre beaucoup plus sexy chez les jeunes qui ont grandi avec les ordinateurs et les technologies de l'information."
La pénurie de personnel, la législation environnementale, les problèmes de matières premières .. Le président nouvellement nommé Lieven Seys et le vice-président Philip Jennen (PLPCoatings) reprennent ces thématiques dans leur agenda et continueront sur la même voie, soutenus pour une année supplémentaire par Hugo Myncke en tant que co-vice-président. IVP 2.0 est déterminé à aider le secteur de la peinture en lui fournissant des conseils, en le défendant et en assurant sa promotion afin de l'orienter vers un avenir durable.