La tendance à préférer les magasins franchisés se poursuit
"Les bénéfices des chaînes de supermarchés proviennent des magasins franchisés et non des magasins en propre"
Delhaize n'est pas le seul à s'être montré favorable aux magasins franchisés. D'autres réseaux souhaitent également réduire leur part de magasins en propre. Tout simplement parce qu'ils sont plus rentables. Pour des entrepreneurs motivés, la franchise est une bonne idée car ils entrent directement dans un réseau prospère. Nous avons discuté de ce sujet avec Carine Janssens, de la Fédération Belge de la Franchise (FBF). Celle-ci organise des séminaires et le salon annuel "Franchising Belgium Day". Les franchiseurs peuvent également contacter la FBF à tout moment.
Fédération Belge de la Franchise
Carine Janssens: "La FBF est une association sans but lucratif qui vise à promouvoir un franchisage éthique et authentique. Nous nous efforçons d'assurer un développement équilibré des réseaux de franchise. Toute personne affiliée à la BFF doit se conformer au Code de déontologie européen. Celui-ci comprend notamment des conditions pratiques et essentielles régissant la relation entre un franchiseur et ses franchisés".
Désir d'augmenter le nombre de magasins franchisés
Début 2023, nous écrivions que la tendance était à la multiplication des magasins franchisés au sein d'une enseigne, témoin Delhaize. Est-ce toujours le cas?
Carine Janssens (CJ): "Oui, de plus en plus de chaînes de supermarchés envisagent de transférer certains de leurs points de vente à des franchisés. C'est aussi le cas de Carrefour, par exemple, mais cette société ne veut pas franchiser tous ses magasins, comme c'était le cas chez Delhaize. Carrefour souhaite conserver ses propres magasins, qui font alors office de magasins pilotes. Ils servent à tester des concepts commerciaux et d'exemples pour que tous les franchisés parlent le même langage."
Existe-t-il d'autres exemples que Delhaize et Carrefour?
CJ: "Certainement. Nous observons le même scénario chez Intermarché, qui a repris les magasins Mestdagh et confie les magasins intégrés à des franchisés. Colruyt a acquis plusieurs magasins Match et Smatch, et teste actuellement la manière dont il souhaite les exploiter et le concept qu'il souhaite appliquer. Certains d'entre eux sont déjà exploités par Retail Partners Colruyt Group en tant que magasins franchisés sous le logo Spar."
Pourquoi ce désir d'augmenter le nombre de magasins franchisés, qu'ils soient ou non associés à des magasins en propre, ou des magasins intégrés?
CJ: "La plupart des chaînes de supermarchés admettent volontiers dans leur décompte annuel que les bénéfices proviennent des magasins franchisés et non de leurs propres magasins. Les magasins franchisés d'une chaîne sont souvent les plus rentables, précisément parce qu'ils sont gérés par des indépendants. Et aussi, bien sûr, parce que le siège social, par exemple, ne supporte pas les frais de personnel."
"Un exploitant indépendant se préoccupe davantage de son magasin et de son personnel que le patron d'une chaîne, qui ne peut pas être présent tous les jours. Les franchisés consacrent plus d'énergie dans leurs points de vente, ils y travaillent tous les jours et s'en préoccupent constamment. Ils sont plus motivés parce que l'affaire leur appartient. Ils sont également plus proches du client et lui donnent des conseils personnalisés. Les points de vente d'une chaîne gérés en interne sont gérés à distance et avec un personnel qui ne déploie pas toujours la même énergie que le franchisé indépendant et son personnel."
La franchise est-elle toujours un modèle d'entreprise en expansion?
CJ: "Oui, nous le constatons dans les candidatures des futurs franchisés. De plus en plus d'individus cherchent à s'établir à leur compte et nous demandent conseil. Cela s'explique par le fait qu'ils pensent que la satisfaction sera plus grande qu'en travaillant pour un patron, ou parce que, par exemple, ils sont à la recherche d'un nouveau défi après la réorganisation de l'entreprise dans laquelle ils travaillaient.
Conseil: parlez à d'autres franchisés de la formule de franchise qui vous intéresse
Pour les entrepreneurs solides
Pouvez-vous à présent rappeler pourquoi le concept de la franchise est une bonne idée pour un entrepreneur?
CJ: "Un concept de franchise se développe progressivement, d'abord avec des points de vente propres, puis avec des points de vente franchisés. Au bout d'un certain temps, il porte ses fruits et acquiert de la notoriété. Le franchisé n'a donc plus besoin d'inventer son propre concept et peut rejoindre un réseau qui a déjà fait ses preuves. Et surtout, il bénéficie du savoir-faire du franchiseur, d'une formation approfondie et d'un accompagnement ultérieur."
Si les choses tournent mal pour un franchisé, quelle en est, selon vous, la raison?
CJ: "Tout d'abord, un nouveau franchisé ne choisit pas un réseau particulier de son propre chef ou sans raison. C'est le franchiseur qui, après avoir examiné le candidat entrepreneur, décide s'il peut ou non rejoindre son réseau de franchise. En d'autres termes, le franchisé est informé dès le départ, par exemple, des implications financières. Tous les aspects sont discutés en détail au préalable. Ensuite, le franchiseur est tenu de dispenser une formation (qui a déjà été testée dans plusieurs magasins) et de transmettre son savoir-faire, et il aide le franchisé en lui fournissant des conseils et une assistance lors du démarrage de sa propre affaire."
"Il va de soi que dans tous les cas, un franchisé doit avoir un solide esprit d'entreprise et être prêt à tout mettre en place pour que son affaire fonctionne bien. Lorsque des franchisés arrêtent quand même la collaboration, cela peut être dû à des circonstances imprévues. Récemment, la crise énergétique y a contribué et la pandémie du coronavirus a également laissé des traces dans certains secteurs. D'autres raisons peuvent être des travaux inattendus dans la rue ou un décès."
Se lancer dans la franchise
Que peut apprendre un franchisé intéressé chez FBF avant de commencer sa tournée de prospection?
CJ: "Il peut nous contacter gratuitement pour obtenir des conseils sur différents aspects liés à la franchise. Deux fois par an, la FBF propose une formation aux candidats à la franchise sous la forme d'un séminaire intitulé "Starting franchising". Des experts y expliquent en détail le modèle commercial de la franchise. Il s'agit d'un débat ouvert où toutes les questions peuvent être posées".
"Nous organisons également le salon annuel "Franchising Belgium Day", qui aura lieu cette année le 8 octobre à Wavre. Ce salon est intéressant pour les personnes qui sont à la recherche d'un nouveau défi et qui souhaitent créer une entreprise en tant qu'indépendant. De nombreux franchiseurs y tiendront un stand pour s'entretenir avec de nouveaux candidats-entrepreneurs."
Quelles sont les aspects pour lesquels un franchiseur peut demander l'aide de BFF?
CJ: "Les franchiseurs potentiels peuvent également assister au séminaire "Starting franchising". En outre, ils peuvent se faire accompagner en tant que membre Starter par le collège d'experts de la FBF. Celui-ci est composé d'experts actifs dans différents domaines. Il s'agit de consultants en franchise, d'experts comptables, d'experts en géomarketing, en IT, en marketing, etc."
"La FBF dispose également d'une commission juridique, composée de plusieurs avocats spécialisés dans la franchise. Toute personne peut y faire appel pour des conseils juridiques, la rédaction du contrat et du Document d'Information Précontractuel. La FBF assiste ses adhérents-franchiseurs dans le bon développement de leurs réseaux de franchise en répondant à toutes leurs questions."
Commission d'arbitrage
Sur le plan juridique, on est bien informé, nous semble-t-il...
CJ: "En effet, c'est pourquoi nous avons créé la "Journée des experts", instructive pour les franchiseurs comme pour les franchisés. Il s'agit d'une conférence importante qui couvre un certain nombre de sujets liés au développement des réseaux de franchise et met en lumière l'actualité juridique qui peut avoir un impact sur le modèle d'entreprise de la franchise. Les professionnels de la franchise y obtiennent un aperçu des tendances et des nouveautés juridiques qui peuvent avoir un impact sur les réseaux de franchise en 2024. Nous abordons notamment le rôle de la Commission d'arbitrage et les résultats de son fonctionnement en 2023 et 2024. D'ailleurs, un avocat de la FBF et notre président d'honneur font partie de cette commission d'arbitrage".
Conseils de Carine Janssens aux (candidats-)franchisés:
- Choisissez une activité pour laquelle vous avez un feeling.
- Vérifiez si le (jeune) concept de franchise a déjà fait ses preuves. Un bilan d'au moins deux ans peut montrer quel est le chiffre d'affaires et s'il est rentable.
- Parlez à d'autres franchisés de la formule de franchise qui vous intéresse.
- Ne vous contentez pas de parler à une seule personne, mais à plusieurs franchisés. Choisissez-les vous-même.
- Ne vous dites pas à l'avance: "Je vais gagner beaucoup d'argent avec cette formule." Vous n'y parviendrez que si vous travaillez dur et si vous soutenez le concept à 100 %.
- Élaborez un plan d'entreprise réaliste avec votre comptable et, surtout, suivez-le.
- Fixez des attentes réalistes.
- Faites-vous conseiller par un comptable spécialisé. La FBF peut également vous aider dans ce domaine.
- Un franchiseur doit légalement remettre au franchisé un document d'information précontractuelle (DIP) 30 jours avant la signature du contrat. Cela vous permet de vérifier avec votre conseiller si la proposition représente une relation gagnant-gagnant équitable.
- N'hésitez jamais à vous adresser à votre franchiseur si quelque chose ne va pas ou si un problème survient.
- Frappez à la porte de la FBF si vous avez des doutes concernant un franchiseur affilié ou non à la FBF.
Conseils pour le franchiseur qui veut venir en Belgique avec une enseigne de l'étranger:
- Commencez par un magasin pilote pour tester votre concept et l'adapter au marché local.
- Sachez que vous devez établir un plan d'entreprise adapté au marché belge avec l'aide d'un cabinet comptable belge.
- N'oubliez pas que les coûts ne sont pas les mêmes dans tous les pays, tels que les coûts de location et les coûts de main-d'œuvre.
- Adaptez de manière réaliste le concept étranger aux besoins, aux attentes, aux goûts, etc. de la population locale.