"je n'ai pas envie de prendre ma pension"

Rudy Van den Bergh éclaire le secteur de sa lanterne

Le paysage électrique est en pleine évolution. Outre les changements dans le RGIE, l'avènement des énergies renouvelables et l'e-mobilité ont un impact majeur sur notre profession. Aujourd'hui, nous avons rendu visite à Rudy Van den Bergh d'Electro-Test, un homme inspiré qui a à coeur de soutenir les électriciens. Comment voit-il l'évolution du secteur?

Implication

En principe, nous commençons les articles de ce type par une brève présentation de la personne interviewée, mais dans le cas présent, cela semble superflu. En effet, qui ne connaît pas Rudy Van den Bergh, dans notre secteur? Depuis 2013, il est actif au sein de l'organisme de contrôle Electro-test, après avoir travaillé pendant 24 ans pour Vinçotte. Plus de 35 ans d'expérience, ce n'est pas rien... Durant cette période, il a vu la profession évoluer de manière significative.

Récemment, il a participé au développement du nouveau RGIE. Aujourd'hui encore, il joue un rôle important dans les groupes de travail qui doivent préparer les futurs changements et ajouts au RGIE. Il est notamment actif au sein du groupe de travail chargé d'élaborer la réglementation relative aux espaces médicaux. D'ailleurs, vous trouverez plus loin dans votre magazine un article sur les nouvelles modifications du RGIE qui entreront en vigueur à partir du 1er juin.

"Il y a encore très peu d'électriciens qui maîtrisent tous les aspects de la profession"

L'énorme engagement de Rudy Van den Bergh se manifeste également dans son engagement sur les réseaux sociaux, où il est actif dans les groupes Facebook créés par et pour les installateurs. A plusieurs reprises, nous l'avons vu régler des discussions avec fermeté, y compris autour du RGIE. "Effectivement", commence Van den Bergh. "Je me suis retrouvé là-dedans un peu par hasard. Je m'étais inscrit sur cette page par pur intérêt, mais vous savez ce que c'est. Vous répondez à plusieurs messages, quelqu'un vous demande conseil et, avant même que vous vous en rendiez compte, l'administrateur vous considère comme un expert. Cela présente des avantages et des inconvénients. Vous voyez ce qui se passe dans le secteur, vous apprenez à voir les choses avec les yeux de l'installateur et vous apprenez beaucoup vous-même. D'un autre côté, on est parfois choqué par les choses qui sont postées (voir photo). Je me demande parfois comment c'est possible. J'essaie d'y mettre de l'ordre en me basant sur la loi, d'une manière très neutre.

loi sur l'établissement

"En tant qu'organisme de contrôle, nous sommes évidemment très bien placés pour détecter certaines évolutions dans le secteur. Malheureusement, nous constatons que les connaissances ne vont pas forcément dans la bonne direction. Nous sommes parfois confrontés à des choses absolument inacceptables. Il y a plusieurs raisons à cela. Il y a bien sûr le manque de personnel techniquement formé: il faut faire plus avec moins de mains, ce qui se répercute sur la qualité. En outre, de plus en plus de travaux sont externalisés; par exemple, un entrepreneur externe vient meuler les tranchées, un autre tire les câbles et quelqu'un vient ensuite câbler l'armoire. Il reste peu d'électriciens qui maîtrisent tous les aspects du métier".

"Il y a aussi les nombreuses évolutions de ces dernières années, comme les panneaux solaires et les bornes de recharge. Il faut parfois du temps pour que les règles de l'art soient bien ancrées pour les nouvelles technologies. Toutefois, à mon avis, l'impact négatif le plus important est lié à l'abolition de la loi sur l'établissement. Aujourd'hui, n'importe qui peut s'autoproclamer électricien, sans avoir à présenter de qualification. Et cela se voit... Il y a pour ainsi dire moins de fierté dans le métier. Mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Heureusement, il existe encore de nombreuses entreprises qui font preuve d'honneur professionnel. Par exemple, j'ai récemment visité un projet offgrid avec des batteries qui m'a vraiment impressionné. La finition était impeccable!"

À propos du 'vieux' RGIE et du 'nouveau' RGIE

Le vieux RGIE date de 1981; le nouveau RGIE est en vigueur depuis juin 2020. Comment Van den Bergh évalue-t-il ce changement?
"Beaucoup de choses ont été dites et écrites à ce sujet, mais au fond, il n'y a pas grand-chose qui a changé pour l'électricien. 99% de ce qui se trouve dans le Livre 1 s'y trouvait déjà auparavant. Pour moi, la division en trois livres est une avancée évidente. La structure de l'ensemble est plus logique qu'auparavant."

"La clé pour l'installateur est la formation. Depuis le nouveau RGIE, il y a déjà eu deux ajouts majeurs: un premier concernant les bornes de recharge et, récemment, avec l'amendement qui entrera en vigueur à partir du 1er juin. Ce dernier met l'accent sur les interrupteurs différentiels. Et cela ne s'arrête pas là puisque des groupes de travail planchent actuellement sur des chapitres consacrés à la mesure de l'isolation, aux batteries industrielles, aux influences externes, aux réseaux électriques, aux espaces médicaux et aux installations dans les environnements ATEX.

"Bien qu'il faille plusieurs années entre l'impulsion initiale et la publication finale - dans le cas de l'infrastructure de recharge, il s'est écoulé 3,5 ans - ces sujets seront ajoutés au RGIE dans les années à venir. En tant qu'installateur, vous êtes responsable de l'installation de vos projets conformément à ces règles. La formation continue est donc essentielle. C'est là aussi que les fédérations ont un rôle important à jouer, mais elles sont elles aussi confrontées aux conséquences de l'abolition de la loi sur l'établissement".

"Nous ne sommes pas toujours aidés par le gouvernement. Au final, c'est le SPF Economie qui détermine les règles mais il y a toujours des zones d'ombre. Les périodes de transition en sont un bon exemple. Il se peut que les installations planifiées aujourd'hui ne soient livrées et contrôlées qu'après le 1er juin. En principe, cela doit alors se faire selon les règles mises à jour. Tout le monde connaît ce genre de situation difficile. Les électriciens se basent sur les plans originaux, tandis que l'inspecteur est obligé d'utiliser les nouvelles règles. Pour résoudre ce problème, on décide d'introduire une période de transition. En soi, c'est une bonne chose, mais on a juste fixé une date de début pour cette période, il n'y a pas de date de fin. Cela ouvre la porte à des discussions qui n'en finissent pas".

"La clé pour l'installateur réside dans la formation. Le recyclage et la formation continue sont vitales"

"Mais nous aussi, nous devons aller dans la même direction. En principe, chaque inspecteur devrait évaluer chaque installation de la même manière. Mais dans toute législation, il y a une marge d'interprétation, le RGIE n'y échappe pas. Si l'inspecteur A autorise une exception, l'inspecteur B n'aura d'autre choix que de l'autoriser la fois suivante. L'exception finit par devenir la règle, ce qui n'est évidemment pas le but recherché. Heureusement, il existe une concertation mensuelle au sein du  GTO (Organe Technique Commun), où la plupart des autorités de contrôle sont représentées. Des accords y sont conclus sur des situations concrètes, mais il reste toujours des zones d'ombre. En outre, le gouvernement publiera bientôt une FAQ (Frequently Asked Questions) afin de transmettre certaines interprétations de la législation. Cette liste sera mise en ligne le 1er juin, jour de l'entrée en vigueur des modifications.

"En principe, l'application de la législation pourrait également être beaucoup plus stricte. La validité d'une inspection est de 5 ans pour une installation industrielle et de 25 ans pour une installation domestique. Toutefois, cette période n'est pas activement appliquée. Le secteur de l'assurance n'exerce pas non plus une grande pression sur ce point. Pour moi - et de nombreux acteurs de notre secteur sont de cet avis - il serait plus logique de ramener cette période à 10 ans".

erreurs fréquentes

"Dans les installations domestiques, les erreurs les plus fréquentes concernent les schémas et la mise à la terre. C'est surtout dans les schémas que nous voyons souvent des erreurs. Pourtant, ceux-ci doivent être en ordre depuis 40 ans. Les modifications n'y changent rien. Dans les installations industrielles, il s'agit souvent d'erreurs contre les influences extérieures.

63 ANS, BIENTÔT LA PENSION MAIS...
Pour beaucoup, l'âge de la pension est un soulagement. Ce n'est pas le cas de Van den Bergh: "J'ai 63 ans et j'ai droit à une pension depuis l'âge de 61 ans. Mais je n'en ai pas encore envie. Je continuerai donc à travailler pour Electro-Test tant que cela me plaira. Et cela peut en surprendre plus d'un, mais en plus de mes activités dans le secteur électrique, je suis également un cuisinier qualifié et j'ai ma propre entreprise dans ce secteur. J'organise des événements de toutes tailles, en cuisinant et en préparant tout moi-même. L'aspect créatif contraste fortement avec les règles et la législation auxquelles la plupart des gens m'associent, mais pour moi, c'est une source d'équilibre."