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"CE SONT LES CLIENTS EUX-MÊMES QUI DEMANDENT UN DEVIS POUR UNE POMPE À CHALEUR"

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Thomas Brever, le patron de Brever Energietechnieken

La hausse des prix du gaz entraîne-t-elle une accélération de la transition énergétique? Oui, selon Thomas Brever, le patron de Brever Energietechnieken, âgé de 31 ans. Dès le départ, il a résolument misé sur les énergies renouvelables et aujourd'hui, il en cueille les fruits. "Nous sommes submergés de demandes de pompes à chaleur et de panneaux solaires."

De l'enseignement professionnel au master

Bien avant de créer son entreprise, Thomas savait déjà quelle direction il voulait prendre. "A l'école secondaire, j'ai fait une filière professionnelle en électricité", dit-il. "En 7e année, j'ai suivi la spécialisation Maintenance industrielle et j'ai tout de suite trouvé cela très intéressant. J'ai alors décidé de faire un bachelier en Électromécanique. Les gens autour de moi pensaient que j'étais fou, mais je l'ai fait quand même. C'était dur d'étudier, mais j'y suis arrivé. Après ces trois années, j'ai même décidé de suivre une année de transition pour obtenir un master en sciences industrielles."

Le jeune entrepreneur a obtenu son diplôme en 2015 et il savait qu'il ne voulait pas commencer à travailler comme salarié dans une entreprise. "Autrefois, mes parents avaient une entreprise d'excavatrices et j'ai grandi au milieu des machines.  Il était donc logique pour moi de créer ma propre entreprise, même si cela a été assez difficile de réunir le capital de départ. En 2016, j'ai lancé mon premier projet de panneaux solaires. Je m'occupais moi-même de l'achat, de l'installation, de la livraison et même de l'administration. De fil en aiguille, l'entreprise individuelle s'est transformée en société un an plus tard et nous n'avons cessé de nous développer. Aujourd'hui, Brever installe non seulement des panneaux solaires, mais aussi des stations de recharge, des batteries domestiques, des pompes à chaleur, des systèmes de climatisation et de ventilation."

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES: un choix délibéré

Le choix délibéré des techniques d'énergie renouvelable n'est pas le fruit du hasard. "J'ai toujours cru très fort à l'électrification", déclare Thomas. "Il suffit de regarder les tondeuses, par exemple: autrefois, elles fonctionnaient à l'essence, maintenant elles fonctionnent à l'électricité. Il en va de même pour les outils à main, qui étaient autrefois tous pneumatiques mais sont aujourd'hui de plus en plus électriques. Pour moi, il était donc logique que nous allions également dans cette direction dans d'autres secteurs."

Au cours de ses études, Thomas a souvent été en contact avec ces nouvelles techniques. "J'ai fait pas mal de stages. Par exemple, j'ai eu l'occasion de concevoir et de budgétiser une installation de panneaux solaires d'environ un millier de panneaux pour Danone. J'avais également acquis beaucoup de connaissances théoriques sur les pompes à chaleur. Il fallait juste que je sois capable de les mettre en pratique. J'ai vite compris qu'il y a beaucoup de choses que l'on peut apprendre rien qu'en les faisant. C'est ainsi que j'ai acquis de plus en plus d'expérience."

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"J'ai toujours cru très fort à l'électrification"

SUBMERGÉ PAR LES DEMANDES

Aujourd'hui, Brever compte une quinzaine de salariés, sous-traitants compris. Les clients de cette entreprise d'installation sont principalement des particuliers. "Environ 80% de nos projets sont résidentiels. Toutefois, nous essayons de nous concentrer de plus en plus sur les projets destinés aux entreprises. Par exemple, il y a une demande croissante de points de charge pour les véhicules électriques d'entreprise. Si le marché résidentiel est au point mort, nous pourrons modifier quelque peu notre orientation."

Mais il n'y aura pas de statu quo dans les années à venir. "Nous sommes inondés de demandes de panneaux solaires et de pompes à chaleur. Les gens se sont réveillés face à la hausse du prix du gaz, mais nous avons également remarqué que le grand public se familiarise de plus en plus avec ces techniques. On assiste à un véritable changement de mentalité: autrefois, nos vendeurs devaient se démener pour vanter une pompe à chaleur, mais aujourd'hui, de plus en plus de clients viennent eux-mêmes nous demander un devis. Nous faisons aussi beaucoup de projets globaux, car une pompe à chaleur est toujours plus intéressante en combinaison avec des panneaux solaires."

"Les gens se sont réveillés face à la hausse du prix du gaz, mais nous avons également remarqué que le grand public se familiarise de plus en plus avec ces techniques"

INSTALLATIONS HYBRIDES

Brever essaie d'éviter autant que possible les combustibles fossiles, à une exception: les installations hybrides. "Nous sommes conscients que les pompes à chaleur ne conviennent pas à tout le monde. Si nous constatons qu'une pompe à chaleur ne peut pas répondre aux exigences de confort, nous n'hésitons pas à recourir à une chaudière à gaz. A côté de ça, nous mettons ensuite une pompe à chaleur en mode cascade, afin que la chaudière à gaz puisse prendre le relais lorsque la pompe à chaleur ne peut pas répondre à la demande de chaleur. L'avantage d'un tel dispositif est que l'on peut retirer la chaudière à gaz plus tard, lorsque la maison est mieux isolée."

Thomas s'attend à ce que la demande de pompes à chaleur augmente encore. "La différence de prix avec une chaudière à gaz devient également moins pertinente en raison de la hausse des prix du gaz, et de la prime de 1.500 euros que l'on obtient pour une pompe à chaleur."

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"J'ai vite compris qu'il y a beaucoup de choses que l'on peut apprendre rien qu'en les faisant. C'est ainsi que j'ai acquis de plus en plus d'expérience"

GOUVERNEMENT

Qui dit primes, dit gouvernement. Et c'est un sujet dont on parle, chez Brever. "Je trouve ça fort dommage que notre activité dépende du gouvernement", déclare Thomas. "Ne vous méprenez pas: nous en avons besoin et je suis heureux qu'il y ait des subventions. Mais la ligne de conduite du gouvernement manque de clarté. Il est pratiquement impossible de faire des investissements. En outre, la coopération avec Fluvius ne se déroule pas toujours sans heurts. Dans le passé, nous avons vendu un projet de 200 panneaux solaires à un magasin de meubles. Afin de vérifier si le réseau est suffisamment solide, Fluvius a d'abord dû réaliser une étude de réseau. Il a fallu un certain temps avant qu'elle ne soit terminée. Alors bien sûr, cela nous a fait perdre des clients. En outre, les règles de demande de subventions sont parfois modifiées sur leurs pages web – même en cours de période de subvention. C'est à tel point que nous devons faire des captures d'écran pour prouver à nos clients que nous sommes partis sur un certain régime de subvention."

La transition énergétique n'attend pas

"A mon avis, il faut vraiment que Fluvius évolue, sinon nous allons nous retrouver avec une histoire comme la SNCB", s'amuse Thomas. "Maintenant, quelque part, je pense que la transition énergétique ne les attendra pas, car il y a tellement d'innovations qui émanent du marché. Je pense qu'à l'avenir, nous transporterons des batteries d'énergie dans des conteneurs si le réseau est surchargé ou insuffisant. En tout cas, j'espère que les gens deviendront encore plus autonomes dans leur approvisionnement en électricité et que l'énergie sera de plus en plus considérée comme un bien commercial."

"Le compteur digital joue un rôle majeur dans ce genre de système commercial", dit Thomas. "Lorsque tout le monde en a un, on peut considérer l'énergie comme une marchandise. Imaginons que j'ai des panneaux solaires sur le toit de mon entreprise. Je pourrais alors dire à la maison voisine: 'Il me reste de l'énergie, vous voulez m'en acheter?' De cette manière, on peut développer une plateforme, ce que l'Union européenne devra faire d'ailleurs, permettant aux  gens de co-investir dans des panneaux solaires dans des endroits comme celui-ci."

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"Un système commercial d'énergie permettant aux gens de co-investir dans des panneaux solaires serait un grand pas en avant"

PERSONNEL

La trajectoire de croissance de Brever a été presque sans faille jusqu'à présent, à une exception près: la recherche de bons travailleurs. "Trouver du personnel adéquat est à peu près le seul problème majeur auquel je suis confronté pour développer Brever", déclare Thomas. "Il est presque impossible de trouver des techniciens. Au début, je n'ai pas pu recruter de personnel, j'ai donc travaillé avec des sous-traitants. Entre-temps, ceux-ci sont devenus des partenaires durables. Pour Brever, la coopération est l'une des valeurs fondamentales."

Selon Thomas, la raison de la pénurie de personnel n'est pas un manque de formation. "Pendant ma formation, je n'ai jamais eu l'impression que je n'apprenais pas assez. Pour moi, c'est une question de mentalité. Et on peut dire dès le premier jour si celle-ci est bonne ou pas. Quelqu'un qui ne ferme pas la porte derrière lui ou qui ne remet pas sa chaise sous la table – ce sont là des petites choses, mais elles constituent la base. Et s'il ne fait pas ces choses-là, cela se traduira dans le travail."

"Pendant ma formation, je n'ai jamais eu l'impression que j'apprenais trop peu. Pour moi, c'est une question de mentalité"

Selon Thomas, la solution est simple: les travailleurs doivent se retrouver avec un salaire net plus élevé. "Ce serait bien si le gouvernement pouvait faire un geste. La charge salariale en Belgique est très élevée. Si elle était plus basse, il serait beaucoup plus intéressant de travailler comme ouvrier. Surtout que c'est un travail physiquement exigeant, que l'on ne peut pas exercer aussi longtemps qu'un travail de bureau. Je remarque que beaucoup de bons profils viennent me voir, mais qu'ils choisissent un rôle d'employé parce qu'ils savent ce qu'il en est. C'est dommage. En outre, s'il y avait une réduction des droits d'accises, il serait plus intéressant de former des gens ici."

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Une partie de l'équipe Brever

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L'AVENIR DE L'INSTALLATEUR

Un installateur qui propose et installe uniquement des solutions renouvelables est loin d'être monnaie courante dans notre pays. Néanmoins, selon  Thomas, il devient inévitable pour tout installateur de prendre des mesures dans ce sens. "Nous collaborons avec des petits installateurs en sous-traitance et je pense que c'est la manière idéale pour eux de s'y prendre. Ainsi, ils sont en quelque sorte payés pour suivre une formation. Dans tous les cas, il faut accompagner la transition énergétique. Je ne pense pas qu'il soit sage pour les installateurs de dire qu'ils n'y croient pas. Même si les pompes à chaleur ne fonctionnent pas, pour autant que je sache, personne n'a jamais écrit de success-story en ne croyant pas en quelque chose. Et si le gaz redevient soudain beaucoup moins cher, vous aurez au moins enrichi vos connaissances avec des choses que vous pourrez également appliquer aux installations de gaz."

des moments passionnants

"Je pense que nous aurons beaucoup de travail au cours des cinq prochaines années. Il faudra beaucoup d'efforts de la part du gouvernement, par exemple pour s'attaquer à Fluvius, mais tout autant pour impliquer davantage les citoyens dans la transition énergétique, en leur faisant comprendre qu'ils ont eux-mêmes à gagner avec les solutions renouvelables et qu'ils doivent être responsables de leur énergie."

"Nous allons de toute façon vivre des moments passionnants et nous n'hésiterons certainement pas à nous couper en quatre pour surmonter les obstacles sur notre chemin."

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Écrit par Florus Tack
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