Transport routier: l’électrique en retrait à une exception près
Le Belgian Mobility Dashboard (BMD) confirme que les voitures de société tirent l’électrification du parc automobile belge, qui peine à suivre sur d’autres segments. Les camionnettes électriques restent à la traîne, pour des raisons évidentes. Développé par la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) et Febiac, le BMD est une plateforme gratuite qui regroupe une série d’indicateurs clés sur la mobilité en Belgique.
Les voitures de société, moteur de l’électrification
Depuis 2016, le parc automobile belge a crû de 6,6% pour dépasser 6 millions de voitures à la mi-2025. Parmi les nouvelles immatriculations, les voitures de société (leasing et véhicules au nom d’entreprises) représentent 53% depuis le début de l’année.
Les voitures 100% électriques dominent en leasing (61%) et dans les flottes d’entreprise (45%), suivies des voitures essence (25%). Pour les particuliers, l’essence reste majoritaire avec plus de 63% des immatriculations, devant les hybrides non rechargeables (18%). Ensemble, les électriques et plug-in hybrides atteignent à peine 13% des ventes de voitures neuves aux particuliers.
Depuis début 2025, les émissions moyennes de CO2 des voitures neuves oscillent entre 76,7 et 81,7 g/km, avec une moyenne de 78,6 g/km pour le premier semestre. C’est inférieur à l’objectif européen de 81 g/km fixé pour 2025-2029. Les immatriculations belges, surtout celles des voitures de société, aident les constructeurs à respecter cette norme.
Fait marquant: la moyenne des émissions des nouvelles voitures diesel a augmenté de 5% entre 2024 et 2025, alors que celle des plug-in hybrides a chuté de 14%.
Les camionnettes diesel font la loi
Alors que le nombre de voitures croît lentement, le parc de camionnettes a bondi de 28% en moins de 10 ans pour atteindre 900.000 véhicules en 2025. Le parc de poids lourds reste stable, avec un peu moins de 150.000 véhicules (+3,6% depuis 2016).
En 2025, le diesel reste ultra-dominant: 87% des nouvelles camionnettes et 95,8% des nouveaux poids lourds.
La limite de 3,5 t, un frein majeur
Le code de la route fixe une limite de 3,5 t de MMA (masse maximale autorisée[1]) au-delà de laquelle un permis C et un tachygraphe sont obligatoires. Certaines routes sont en outre interdites aux véhicules de plus de 3,5 t. Or, le poids des batteries fait souvent dépasser ce seuil aux camionnettes électriques.
Un projet pilote (jusqu’en août 2026) permet toutefois de conduire avec un permis B des véhicules électriques ou à hydrogène jusqu’à 4,25 t, à condition que le surpoids soit technologique. Dans un rayon de 100 km autour du siège de l’entreprise, ces véhicules sont également dispensés de tachygraphe. Mais une législation définitive s’impose pour lever l’incertitude qui freine les investissements.
Les restrictions de circulation pour les véhicules de plus de 3,5 t obligent parfois les livreurs à stationner plus loin et terminer leurs tournées à pied, avec pertes de temps et efforts physiques supplémentaires. Une approche nationale, en concertation avec les communes, permettrait de résoudre ce blocage, après analyse de la capacité des infrastructures (routes, ponts, etc.).
Pieter Timmermans, CEO FEB: "Les entreprises belges sont aujourd’hui le principal moteur de l’électrification du parc automobile grâce aux voitures de société, malgré les idées reçues. Il faudrait lancer une initiative nationale avec les communes pour autoriser les camionnettes jusqu’à 4,25 t dans les rues actuellement interdites aux plus de 3,5 t. Leur taille ne change pas, mais leur empreinte écologique est bien meilleure."
Frank Van Gool, CEO FEBIAC: "Les membres de notre fédération, constructeurs automobiles et de véhicules utilitaires en tête, ont investi massivement pour rendre leurs véhicules plus écologiques. Ces efforts portent leurs fruits, mais une adaptation légale est désormais indispensable pour poursuivre l’électrification, surtout au niveau des camionnettes."
[1] Aussi appelé poids total autorisé en charge.