"PLUS D'INNOVATION, PLUS D'EXPORTATION"
L'industrie alimentaire wallonne travaille a sa compétitivité
Comme en Flandre, le secteur wallon des transformations alimentaires est un employeur industriel important. Là aussi, le secteur est toutefois mis sous pression, il faut donc viser une solide position concurrentielle. Wagralim, le pôle de compétitivité de l'industrie agroalimentaire wallonne, renforce cette position via des 'project calls' qui conduisent à des innovations en matière de technologie, de gestion et de marché. “Notre approche est payante, car nos membres sont effectivement plus compétitifs que l'entreprise alimentaire wallonne lambda", affirme le directeur général François Heroufosse.
Quand et avec quel objectif a été fondé Wagralim?
François Heroufosse: “Wagralim est l'un des pôles de compétitivité créés en 2006 dans le cadre du plan Marshall, censé fortement dynamiser l'économie en Wallonie. Outre, notamment, l'aéronautique, la logistique & transport et la technologie durable, l'industrie agroalimentaire a donc été considérée à l'époque comme un secteur potentiel pour accroître notre compétitivité. Nous le faisons par l'accompagnement de projets du début à la valorisation, tout comme le fait Flanders' FOOD en Flandre. Alors que, chez eux, les projets émergent dans les universités et doivent ainsi faire leur apparition dans l'industrie, c'est précisément l'inverse chez nous. Ce sont les entreprises qui lancent des propositions, prennent la direction et doivent réaliser une partie des tâches au sein du consortium, qui est constitué à chaque fois de quatre partenaires au minimum: deux entreprises et deux instituts de connaissances. Du reste, il ne s'agit pas que de projets de recherche, mais aussi de projets de formations ou d'investissement."
Vous ne prescrivez donc pas des projets vous-mêmes, mais vous les sélectionnez?
Heroufosse: “C'est vrai en partie, mais un jury indépendant se penche aussi là-dessus. Il conseille le gouvernement wallon qui décide alors du financement. Chaque projet est mis sur pied grâce à un mix de ressources privées et publiques. Pour ces projets, nous travaillons autour de trois thèmes que nous ancrons dans l'innovation. Avant tout, la nutrition: comment produire des ingrédients ou aliments qui répondent aux exigences nutritionnelles, tels qu'imposées par les consommateurs ou la législation? Par ailleurs, il s'agit d'efficience industrielle. Comment produire plus efficacement via d'autres formes d'organisation ou technologies? Enfin, nous accordons aussi une grande importance à la durabilité, avec laquelle nous faisons le lien avec l'agriculture. Du reste, ceci ne concerne pas seulement l'environnement, il y a aussi un aspect de durabilité social et économique.
Ces trois thèmes se fondent bien entendu l'un dans l'autre. Celui qui allonge la durée de vie des aliments sans additifs, veille en même temps à réduire le gaspillage alimentaire et la montagne des déchets. Depuis notre lancement, nous avons maintenant quarante projets dans notre portefeuille et notre réseau compte actuellement quelque 145 membres. Ce sont surtout des entreprises alimentaires, complétées par des centres de recherche ou d'autres instituts."
Comment engagez-vous ce réseau?
Heroufosse: “C'est avant tout un réseau d'innovation. Nous organisons régulièrement des séminaires et des tables rondes qui mettent en contact entreprises et centres de recherche, ce qui peut induire de nouvelles collaborations, technologies, produits, voire marchés. Nos membres nous adressent aussi régulièrement des questions concrètes pour lesquelles nous cherchons le bon partenaire pour eux. En ce sens, c'est naturellement aussi un réseau d'expertise. Les entreprises peuvent nous signaler un problème précis qui nécessite une solution rapide. Nous désignons le bon expert technologique issu de notre réseau d'universités. D'autre part, nous améliorons les qualifications professionnelles parmi nos membres en organisant des formations. Songez à l'innovation technologique, mais aussi organisationnelle. En interprétant des stratégies de gestion telles que TPM (Total Productive Maintenance, réd.), venues de grandes entreprises internationales pour les PME alimentaires, nous leur apprenons comment minimiser les défauts et donc les arrêts, afin d'accroître la production et l'efficacité.
Pour terminer, nous misons fortement sur l'internationalisation. Nous voulons diffuser notre réseau jusqu'en Flandre, en Europe et même en dehors. Avec notre pôle, nous faisons partie de l'EFA (European Food Alliance, réd.) et avons des partenaires, notamment au Brésil, au Canada et en Chine. Ils peuvent nous aider à trouver les contacts locaux pour nos membres, ou complètent notre propre expertise."
Une approche qui paie?
Heroufosse: “Certainement! Il est apparu que nos membres sont effectivement plus compétitifs que l'entreprise alimentaire wallonne lambda. Ils évoluent plus vite, sont plus actifs dans l'innovation et rencontrent plus de succès dans de nouveaux lancements de produit."
Quelle est une récente 'success story' parmi vos projets?
Heroufosse: “Je pense spontanément au projet de nutrition 'Wal-Nut20', auquel ont collaboré pas moins de vingt partenaires. Du reste, ils continuent de collaborer au sein du consortium BHIG (Belgium Health Ingredients Group, réd.) pour la commercialisation d'ingrédients sains; ce dont nous sommes très fiers."
Dans quelle mesure les industries alimentaires wallonne et flamande diffèrent?
Heroufosse: “Il s'agit surtout de PME dans les deux régions du pays, mais ici, les entreprises sont en général plus petites et plus actives dans des marchés de niche. Toutefois, les secteurs traditionnels tels que la viande, les produits laitiers, les boissons, les pommes de terre et le sucre sont aussi présents chez nous chez quelques acteurs plus grands, sans les nommer. En termes d'atouts, je pense avant tout à la nutrition, grâce au travail de pionnier sur le microbiote de l'UCL (Université Catholique de Louvain, réd.). Ce concept y est né. Dans le département médecine vétérinaire de l'université de Liège, est menée une étude sur la métagénétique et dans l'université d'agronomie de Gembloux, on travaille aussi sur la technologie de l'alimentation. J'ose affirmer que nous sommes plus avancés que les collègues flamands dans certaines études. Chez nous aussi, l'industrie alimentaire est un secteur qui crée des emplois. Alors qu'il s'agissait de 20.000 emplois il y a dix ans, ils sont 21.000 maintenant. De plus, la balance commerciale s'élève à 1 milliard d'euros, donc l'industrie alimentaire wallonne est aussi très importante d'un point de vue économique. Elle est plus petite qu'en Flandre, mais la courbe de croissance est similaire. Comment maintenir cette évolution positive, voire la renforcer? Plus d'innovation, plus d'exportation! Cela vaut pour la Flandre et la Wallonie."
Que réserve l'avenir pour Wagralim?
Heroufosse: “Nous continuons de miser sur des projets novateurs, avec surtout la volonté d'approfondir les innovations de marché. Pour lancer de nouveaux services, il est aussi important de continuer d'attirer de nouveaux membres, ce qui résulte dans des budgets plus grands. Et nous voulons développer notre offre de formations. Dans ce cadre, nous avons encore investi récemment dans un camion aménagé comme un atelier de viande pour former des salariés nouveaux et existants sur place dans les entreprises, et dans une ligne de remplissage de boissons à Mouscron. Avant, nous avions déjà notre institut de formation à Verviers. Il nous permet de proposer une offre de formations structurelle."
Plus d'informations: www.wagralim.be